lundi 17 novembre 2008

A LA POURSUITE DES CARIBOUS


Nous, au Yukon , on se prépare à affronter l'hiver qui arrive à grand pas. Alors on fait comme les écureuils, les goffers et toutes les autres bestioles qui vivent dans le bois. On fait nos provisions; ou du moins on essaye, parce que ça marche pas toujours.

Après avoir rempli le congélateur de saumons et autres halibut avec nos sessions pêches miraculeuses en Alaska, on s'est dit qu'il nous faudrait un peu de viande rouge histoire d'améliorer l'ordinaire. Alors quand Pierre nous à dit qu'il serait tanté pour une chasse aux cariboux sur la Dempster dans le parc de Tombstone on a pas hésité une seconde. Nous avons donc profité du pont du 11 novembre pour partir 4 jours dans les immensités glacées de la toundra artique.

Sur le papier la chasse aux cariboux c'est simple :

Tu prends ton quatres roues avec la tente, le poéle (et surtout du bois de chauffage parce que là bas y'en a pas), quelques litres de carburants suplémentaires, une carabine, des vêtements grand froids, et tout l'équipement habituel.

Tu effectue les 700 kilomètres qui sépare Whitehorse de Tombstone en une seule traite.

Arrivé là bas, quand tu voit les cariboux au bord de la route tu gard la voiture. Tu sort ta carabine, tu tue deux cariboux. Tu charge tout cela dans ton quatres roues.

Et tu rentre à la maison avec 150 kg de steack pour l'hiver.

Ca c'est ce qu'on vous dit, mais sur le terrain c'est complètement diffèrent.

Nous sommes donc partit en chasse samedi matin de bonne heure après avoir chargé la voiture de quelques stère de bois, 5 géricanes de carburant, le matos de camping, des vivres pour trois jours, une tronçoneuse, bref un gros tas de bordel indispensable a notre survie dans le grand nord. Pendant la semaine nous avons même confectionné un coffre de toit en prévision du périple.

Nous sommes aussi quatres apprentits chasseurs de cariboux Chrystelle, Pierre, Matthieu et moi. Pierre a son permis de chasse et deux bagues de caribou. La carabine, une 306 Ruger, a été emprunté à Iann le plus grand trappeur de fish lake. Vu l'état de la crosse l'arme à vécu des expéditions dans le bois et a dut tuer pas mal de bétians dans sa vie. Il parait même qu'une fois elle a faillit tuer la belle mère, mais ça c'est une autre histoire.

A j'oubliait, la carabine n'a pas de lunette de visé et comme munitions que cinq balles du même calibre. Je décide donc d'embarquer mon calibre 12 avec quelques cartouches gros gibier, on sait jamais.

Nous arrivons à Tombstone à la nuit après sept longues heures de routes sur la North Klondike Highway enneigé avec une gélinotte dans le coffre qui a malancontreuse rencontré le pare choc du Nissan Frontier dans sa fuite. Sur la route, nous avons aussi croisé deux magnifiques Wapiti ou grand cerf des rocheuses, c'est la même bestiole que notre cerf élaphe européen mais deux fois plus gros.

Nous montons le camp au bord de la North klondike river gelée. Il fait froid à Tombstone campground, nous sommes les seuls à camper sous la tente. La douce chaleur du poèle envahit peu à peu notre nouvelle maison, la pleine lune se lève derrière les montagnes majestueuses.



Nous prenons l'apéro autour du poèle, ou plutôt nous buvons les 4 bières que nous avons emmené avant quelles ne gèlent, quand un étrangé fait irruption dans la tente. C'est un chasseur de Dawson qui passe la nuit dans une cabane un peu plus loin avec des collègues. L'homme, petit et trappu a une barbe immense, il a dut lui aussi boire quelques bières. Ils étaient à la chasse aujourd'hui, les caribous sont là mais avec le monde qui les traquent, ils sont peureux et se tiennent à environ 1 km de la route. Ils nous dit que la chasse au caribous sa prend une snow mobile si nous voulons les approcher correctement. Nous n'avons pas de skidoo, nous irons à pied comme des vrais chasseurs.




A -30°C on a moyen de se géler les C..........!!


Matthieu coupe les tartines gelées du petit déjeuner.

Après le diner une aurore boréale fait irruption derrière les montagnes, elle vient danser au dessus de nos têtes pendant quelques minutes puis s'évanouit à l'horizon, c'est féérique.
Au matin le froid me pique le nez, car c'est la seule chose qui dépasse du sac de couchage. Pierre allume le poèle et tous le monde émmerge. Chrystelle a eut froid au pied toute la nuit et Pierre à dormit dans un duvet -5°C. Avec Matthieu nous avons passé une bonne nuit dans nos duvet -40°C. Nous fesons des pronostiques sur la température -20 ou -25°C pas plus nous dit Pierre. Nous apprendrons plus tard qu'il a fait plus de -30°C pendant la nuit.




Nous partons en chasse avant que la lumière de l'aube enflamme les cimes enneigés des Tombstone Mountains. Nous passons North fork pass pour rejoindre le bassin versant de la Blackstone river et l'immensité de la toundra. Il est 9hoo du matin mais il fait encore sombre, nous scrutons le paysage alentour. Nous distinguons des points noirs dans le lointains les caribous sont là mais Far away.


Plus loin une harde semble plus proche, juste de l'autre coté de la rivière. Nous laissons la voiture à Tow Moose lake. Au bord de la route des tas de viscères gelées laisse croire à une chasse prometteuse. Nous suivons un trail de motoneige qui descend jusqu'à la rivière gélé. Nous repérons un petit groupe à 400m de là. Nous sommes bon vent et le terrain se prête parfaitement à une approche car nous somme camouflé par les saules, seuls arbres à pousser au bord du cours d'eau. Nous marchons en fil indienne sur la rivière tel des loups en chasse . Quand tout à coup un caribou sort d'un bosquet de willows. Nous nous figeons accroupit. L'animal remonte la pente et nous surplombe. Puis il entame une danse particulière, il nous a repérer c'est sûr, mais il effectue des 360°sur lui même en levant haut les antérieurs tel un cheval andalou pendant que Pierre s'approche doucement. Le caribou et maintenant à moins de 100m de pierre j'attend le coup de feu mais rien ne se produit. Le cervidés fait encore deux trois tours de manège puis prend la poudre d'escampette. "C'était une femelle et il était trop petit, alors j'ai pas tiré, il y en aura bien d'autres plus loin" me dis Pierre.




Nous filons plus loin jusqu'au Olgivie Mountains le soleil brille mais il fait très froid. Nous croisons d'autres chasseurs armé de motoneige et de sniper dernier cri avec des tas de caribous sur leurs remorques, c'est un peu la boucherie, où est la chasse dans tout cela ?

Enfin bref, nous nous arrêtons à un endroit où la rivière s'élargie, nous jumelons quelques individus qui laisse croire à la présence d'une harde. Nous rencontrons Normand un pote québécois à Pierre qui chasse avec deux touristes Français. Lui il en a déjà mis deux par terre. Mais il y a vraiment une grosse harde derrière les collines après la rivière. C'est un peu loin, mais nous tentons le coup, il est déjà 15h et le soleil va pas tarder à se coucher.



Nous passons la Blackstone qui est partiellement gelé. Puis arrivé de l'autre coté nous repérons deux gros troupeaux. Pierre tente une approche, moi je tente de filmer, mais ma caméra me colle aux doigts et ne veux pas démarrer à cause du froid. Pourtant l'image est énorme les Caribous repèrent vite Pierre et toute la harde de 40 bêtes traverse devant nous au galop, à flan de montagne et rejoint une autre harde sur le versant opposé. Dans le tas il y a des mâles avec des ramures gigantesques.



Rien ne sert de courir ils sont déja trop loin. Au retour Pierre nous fait quelques frayeur sur la rivière qui n'est pas très gelée, mais ça passe. Quand à nous nous décidons de traverser où les caribous traversent c'est plus sûr.


L'après midi se poursuit, avec un dernier run où deux magnifiques animaux passe à 100m de Matthieu mais il n'avait pas la carabine.


Nous rentrons au camp avec plein d'espoir pour le lendemain. Sur le chemin du retour nous croisons Shawn le garde chasse qui est aussi un bon pote à Pierre. Il peut pas nous prêter la motoneige qu'il transporte sur son camion, pour la chasse, mais il peut nous aider à sortir le gibier si nous tuons quelques choses.


Il fait moins froid, la seconde nuit sous la tente se passe pas trop mal. Le lendemain, à 6h du mat tout le monde est debout. Nous voulons être sur place au levée du jour. De temps à autre des renards artic traverse devant la voiture. Ils restent au bord de la route, et fond pitence des tas de viscères que les chasseurs laissent dans le fossé. Plus loin deux yeux jaunes brillent dans mes phares, c'est un loup, un très gros loup gris qui nous regarde passer. Je stoppe le véhicule, lui il nous regarde quelques seconde puis s'enfuit en trottinant.


Les premières lumières de l'aube apparaissent derrière les montagnes. Un groupe de lagopèdes caquète dans les saules juste à coté de nous. Il fait encore trop noir pour voir les caribous. L'obscurité se dissipe peu à peu est nous repèrons un individus seul sur la crête d'une colline, les autres doivent être derrière. Nous partons encore une fois en chasse cette fois si nous calculons bien le vent et notre possition pour mettre toutes les chances de notre coté. Après trois quart d'heures de marche dans la profonde, nous arrivons sur un plateau derrière la colline en question le vent souffle et emporte avec lui des bourrasques de neige, qui nous fouette le visage.


La harde est là à environ 500m à flan de montagne. A notre grande surprise ils viennent dans notre direction. Nous stoppons à découvert au milieu du plateau, les animaux curieux nous prennent pour d'autres caribous. Ils s'approchent en trottant, il y en a une vingtaine. Un mâle gigantesque trottent au milieu de la harde. A une centaine de mètre la femelle de tête passe derrière un épaulement de terrain en face de nous. Pierre en profite pour s'approcher sans être vu. On voit maintenant que les bois des animaux bouger devant nous. Pierre à disparus les caribous aussi. Soudain un coup de carabine retentit, puis un autre. Les animaux font volte face. Je part en courant pour essayer de leur barrer le passage et les forcer à passer devant Pierre, mais ils sont beaucoup plus rapide que moi. Je tire un coup de fusil au dessus de la tête du troupeaux pour tenter un changement de direction inextrémiste, mais les bêtes garde le cap. Toute la harde me passe sous le nez au triple galop en soulèvent des gerbes de neiges à leur passage. Le grand mâle arrive dans les derniers moins rapide et stop net devant moi à moins de cent mètres. Il est un peu loin pour mon fusil mais je vise le défaut de l'épaule et lâche le second coup ; en vain.



Pierre ne veut pas lâcher le morceau et part au trousse du troupeaux. Avec Chrystelle et Matthieu nous suivons. Les animaux sont encore une fois passé derrière une colline. Cette chasse c'est le jeu du chat et de la souris, et ça commence à devenir sérieusement épuisant de courir dans le neige après des bestioles qui sont étudié pour cela. Nous nous séparons en deux groupes. Matthieu rejoint Pierre au sommet de la colline. Chrystelle et moi nous contournons l'épaulement de terrain par la gauche. Mais la harde est déjà loin. A environ 2 km sur un plateau en contrebas plusieurs hardes se rejoignent pour former un grand troupeau au bord de la rivière gelée. Nous n'y croyons plus.


Tout à coup un, deux puis trois coup de carabine retentissent en haut de la colline, je m'écris "Ca y'est il est mort!!". Soudain, trois caribous déboulent sur la droite avec Pierre et Matthieu à leur trousse, je recharge mon arme et part en courant à la descente pour rejoindre au plus vite le fond du vallon mais les animaux me repèrent et fond volte face. Ils disparaissent dans le lointains et vont rejoindre leurs frères sur le grand plateau. Je rejoint Pierre au fond du vallon, avec Matthieu ils ont dérangé trois retardatères à 30m, il a tiré, il a tous louper. C'était notre dernière chance. Nous sommes vidés, nous prenons une pose bien mérité couché dans la neige.
Il fait -20°C nous n'avons pas froid du tout.

Durant l'après midi nous retrouvont Shawn le garde chasse qui patrouille en compagnie d'un amérindien d'Old Crow. Nous jumelons ensemble un groupe qui se tient dans les saules au bord de la Blackstone river.


Nous décidons de tenter une dernière approche. Nous empruntons la rivière gelée , coupons par une île où s'entremelle les willows. Nous débouchons sur un bras de rivière ouverte l'eau glacial fume. C'est pas très profond. Pierre qui est le seul à avoir des bottes partiellement étanche décide de nous porter un par un pour traverser. Il va remplir ces bottes mais sa fait rien. La rivière est très glissante et nous manquons de tomber à l'eau plusieurs fois; il fait -20°C. Pierre durant les trois allez retour à effectivement rempli ces bottes avec de l'eau proche du point de congélation. Arrivé de l'autre coté il ne vide pas les bottes, car ses pieds géleraient directement.



Nous marchons encore à travers les saules puis débouchons à l'endroit exact où se trouvait les animaux 1h plutôt. Les caribous sont juste en face de nous à 500m à découvert au milieu de la toundra. Pierre tente une approche mes ses pieds le fond atrocement souffrir maintenant qu'il reste immobile. Au bout d'une vingtaine de minute il fait demi tour. De toute manière les bêtes farouches l'avait déjà repérés. Notre poursuite s'achèvent ici. Nous retraversons la rivière sur le dos de Pierre qui commence vraiment à géler, mais il ne dit rien. Nous filons jusqu'a la route à grand pas. Arrivé à la voiture Pierre ne tarde pas à poser les bottes et mettre des chaussettes sèches. Le sang à dut déja quitter les orteils voir plus. Pierre est costaud où a de l'entrainement, je sait pas ? Peut être qu'après 15 ans de grand nord on deviendra aussi résistant au froid ? Enfin voilà, nous rentrons au camp bredrouille mais avec des images plein la tête. L'année prochaine nous aurons le droit de chasse, donc nous reviendrons. Mais en chiens de traîneau cette fois pour nous perdre plus loin dans d'autres vallées, où les motoneige ne vont jamais. Et cette fois si peut être nous attraperons le seigneur de la toundra.