mardi 15 juillet 2008

Premiers jours...ça décoiffe !

De retour à Whitehorse après notre premier périple en Alaska.

Cinq journées bien remplies avec un départ assez tonique.

Vendredi matin: Oumiak s'est absentée à l'heure du départ, étant sourde il est impossible de l'appeler, il faut donc la chercher... et la trouver. De plus elle s'était frottée à un porc épic dans la nuit et nous nous en sommes aperçu sur le parking d'un magasin ou nous allions acheter des produits anti moustiques. Etonnant spectacle que de voir quatre gaillards habillés "trappeurs" en train de tenir un chien pour le torturer avec une pince (merci leathermann). De plus Oumiak est peut être sourde mais pas muette et cela faisait un beau concert. Nombre de personnes nous ont regardé de travers. Par chance la SPA ou son équivalent n'était pas dans les parages. En résumé, à moins de 4 il est impossible de retirer des épines de poc épic de la bouche d'un chien, même petit.

Coup de chance peu après Matthieu retrouve les papiers de l'assurance de la voiture qu'il avait oublié la veille sur la banque d'un magasin de sport.

Nous voila partis pour le lac Aishinik sur la route de Haines, au bout d'une piste de 40 Km...

Camping non gardé à l'arrivée. Dès le soir partie de pêche à l'aval du lac avec 8 beaux ombres (graylings) qui ont immédiatement figuré au menu de midi.



Ballade sur la montagne au dessus du lac l'après midi dans l'espoir un troupeau de bisons des bois de 350 têtes qui est censé se trouver dans les parages. De bisons, point mais par contre nous avons trouvé quelques morilles. Ce sera morilles à la crème et poisson, dès que nous pourrons trouver un pot de crème.
Nouvelle partie de pêche en soirée où j'ai fait mes premières armes de pêcheur au fouet avec une réussite exceptionnelle: 6 ombres en une petite heure plus un chien (Oumiak ne sait pas ce qu'est un débutant au fouet !) et une hirondelle ! Le chien et l'hirondelle se portent bien. D'après Matthieu il est difficile de faire aussi fort en France la première fois. La chance du débutant, l'abondance de poissons, la bonne mouche... tout a contribué à m'accrocher à la pêche au fouet. Au menu devinez quoi ? 3 ombres par personne...

Samedi matin nous plions la tente de bonne heure direction Alaska. A la jonction de la piste et de l'Alaska highway nous avons fait le plein dans une petite station service/ musée dans lequel nous retrouvons la plupart des espèces du Yukon empaillées dont 4 magnifiques grizzly, des trophées de moose, caribou.... Bêtes abattues à 90% par le propriétaire de la station, son fils ou sa fille dans les parages immédiats de la station... Dire que nous avons campé pas loin !



Nous attaquons les rocheuses et enfin la Douane du Canada, celle des USA se trouve plusieurs Km plus loin de l'autre côté de la Dalton pass. Même en cette époque le paysage est désertique, les névés apparaissent sur le flanc des montagnes dont nous ne voyons pas le sommet à cause d'un important plafond de nuages. D'après mes guides, il parait que l'on ne voit jamais le sommet des montagnes en Alaska et qu'il pleut beaucoup... Notre route nous fait remonter l'une des plus importantes routes de la ruée vers l'or. Quelques formalités à la douane américaine, il ne faut absolument pas introduire d'aliments... Matthieu avait presque oublié que nous emmenions un chien à l'arrière du pick up... Quelques empreintes et photos plus tard nous voila repartis.

Au fur et à mesure que nous descendons, la végétation reprend ses droits et devient de plus en plus luxuriante, nous approchons du pacifique. Les résineux font plus de deux fois la taille de ceux du Yukon, enfin des sapins qui ressemblent à ceux des Alpes. Il est vrai que le Yukon ne reçoit que 300mm de pluie par an, comme l'Arménie... Il y a de nombreux feux de forêt en été après lesquels les morilles poussent abondamment parait-il... Dans ce secteur de l'Alaska les précipitations sont très abondantes, il est difficile de faire du feu avec les bois secs "humides" que l'on peut trouver et les morilles sont remplacés par les cèpes sur les tapis de mousse et de lichen. Nous longeons une grosse rivière qui s'étale largement dans le fond de la vallée, nous y voyons des roues à saumons (pêcheries automatiques actionnées par le courant et inventées par des français parait-il). Une partie de cette vallée est aussi une grande réserve d'aigles pêcheurs qui se servent largement en saumon lors de leur remontée.

Arrivée à Haines nous découvrons avec horreur le cadeau qu'Oumiack nous a laissé dans la benne du pick up. Pour tous vous dire, la route sinueuse à travers les rocheuses et la double dose de croquettes de la veille sont surement la cause de l'affreux coktail qui dégouline au travers des sacs et des glacières, Matthieu est mort de rire, nous sommes fous de rage. Si nous n'attrappons pas de saumons c'est le chien qui risque de passer sur le barbecue.




Le camping de Haines se trouve à proximité immédiate de la Chilkoot ou remontent de nombreuses sortes de saumons. A l'entrée du camping de nombreux panneaux nous annoncent que nous sommes sur le territoires des ours, avec toutes les consignes d'usage. De nombreuses crottes de ces plantigrades se trouvent sur la route.



Permis de pêche achetés, nous allons voir le piège à migrateurs qui annonce une remontée de 95 saumons pour la journée. Pêche à la cuiller pour le premier soir avec pour bilan 7 Dolly Warden de 300/700g (une variété d'ombles chevalier) et 1 saumon Pink. Les saumons semblent un peu en retard cette année, il y a d'ailleurs assez peu de pêcheurs. Par contre les prédateurs sont là, un couple d'aigles pêcheurs ont fait leur nid sur un sapin de la rive et rappliquent aussitôt que nous touchons un poissons. Nous devons regarder autour de nous à chaque attaque pour surveiller l'arrivée des aigles et laisser filer la poisson pour éviter de la perdre. Les Aigles passent à moins de 2 m au dessus de nous et ils ont une très grande envergure. C'est impressionnant. Nous souhaitions des saumons Sockeye, très fins de goût mais nous devrons attendre encore un peu.



Au menu Dolly Warden et morilles à la crème... La vie sauvage quoi !



Dimanche, pêche dès 5h du matin pour Jacques et après le petit déjeuner pour les autres. De nouvelles crottes d'ours sur la route qui longe la rivière. Vers midi un grizzly de belle taille fouine le long de la rivière à la recherche de saumon et d'herbes, nous l'évitons soigneusement. David a pris son permis et vient nous rejoindre. Nous pêchons de nombreux Dolly Warden à la mouche, certins individus de plus d'un Kg sont très sportifs à récupérer sous le nez des aigles. David touche un saumon qui se débat de belle façon mais il a oublié l'aigle qui le lui vole avec la cuillère et le fil. David voyant la totalité de la bobine se dérouler bloque son moulinet et l'aigle s'abat derrière un rocher. Gros stress pour David qui a peur de noyer le représentant d'un espèce protégée et alors que l'aigle se débat encore de l'autre côté du rocher, il décide de couper le fil avec son opinel. Il verra ensuite l'aigle s'envoler avec son poisson de plus d'un kg... Il est vrai qu'il est assez facile de ramener une hirondelle et de la libérer mais je ne suis pas sur de vouloir ramener un aigle pêcheur au bour de ma canne...




J'oubliais, au menu poisson et poisson sur un feu allumé par des savoyards. En fait on peut faire un feu de camp en Alaska même avec du bois mouillé, il suffit de prendre du bois vert et d'être très soigneux et patients. Nous avons tout de même réussi à enfumer tout le secteur. Le lendemain un campeur voisin a eu pitié de nous et nous a offert du bois sec (6$ les 5 buches!, d'excellent bois le dois le reconnaître) avec lequel nous avons pu démarrer nos autres feux avec beaucoup plus de facilité.


Lundi fut une journée mémorable pour les photographes et caméramen (tous sauf Jacques) qui ont été jusqu'à abandonner la pêche pour se focaliser sur la prise de vue. Jugez plutôt: Combat aérien d'aigles pêcheurs, deux couples se disputant ce secteur de rivière avec force cris et voltiges aériennes. Le couple résident a finalement eu gain de cause.
Un peu plus tard un aigle capture par lui même un saumon trop gros pour lui. Nous avons ainsi eu la surprise de voir un aigle nager avec ses ailes en descendant le courant sur plus de 300m afin de pouvoir rejoindre le rivage. A posteriori David a réalisé qu'il aurait eu peu de chances de noyer son volatile protégé.

Festival de grizzly; un premier en début d'après midi qui nous a incité à sortir de l'eau avant d'être bloqués au milieu de la rivière car l'autre rive est très sauvage et riche en ours. Matthieu et Adrien occupés à photographier cet animal en train de manger le saumon qu'un pêcheur avait caché dans les herbes n'ont pas vu un autre ours arriver dans leur dos et ne s'en sont aperçus que lorsqu'il était à 5 m. Un bon cou d'adrénaline parait-il... mais ils s'en sont tirés !



Pendant ce tant Jacques était au milieu de la rivière et jubilait largement aux prises avec des Dolly Warden entre 1 et 2 kg à la mouche, un scoop pour ce débutant avec à chaque fois des combats de plus 1/4 d'heure dans de l'eau glacée à mi cuisse. De grands moments ! Fier comme Artaban qu'il était ! Au troisème et plus gros de ces magnifiques poissons, Matthieu qui avait réchappé de son second ours est venu m'aider à sortir ce poisson. Bien occupés par notre affaire nous n'avions pas suivi les événents sur la berge. L'ours était maintenant en face de nous et semblait renifler les beaux poisson suspendus à la taille de Jacques. Adrien, lui fimait tranquilement à moins de 10m, comme quoi avec l'habitude...


Jacques et Matthieu ont continué à pêché comme si de rien n'était en cherchant mine de rien une solution de repli. Amont ? Aval en nageant mais dans de l'eau à 8, 10°.... Quant à finir la traversée, une maman et son petit étaient un peu en aval et la danger était encore plus grand.


Puis ce grizzly a commencé à traverser dans notre direction... puis finalement est retourné en arrière... Ouf !




Casse croute puis départ pour le ferry qui nous a amené à Skagway, arrivée à 23h alors qu'il faisait presque nuit. Matthieu qui avait la clef de la voiture s'est endormi hors de vue et s'il n'avait pas été réveillé par une brave dame il se réveillait à Juneau...
D'après David et Yannick qui sont restés éveillés, il n'y avait ni baleine à bosse ni orques dans le fjord... les trois autres qui dormaient n'ont rien raté !


Nous avons planté la tente vers minuit au camping de Dyea, au grand damn sans doute de nos voisins car le sol était particulièrement dur et les sardines difficiles à planter.
Mardi matin nous plions la tente puis sur la route de Skagway nous visitons le cimetière de la gold rush où sont notamment les croix des morts de l'avalanche de la Chilkoot trail qui a fait plus de 70 morts en avril 1898. C'est le seul cimetière de la gold rush existant alors qu'il y a eu plus de 10000 morts au total en un peu plus d'une année. Visite en suite sur les plages ou ont débarqué plus de 30000 personnes en moins d'un an, on peut encore voir les pieux du débarcadère qui avancent dans l'eau. En ce qui concerne la ville de Dyea, il ne reste que quelques planches pourries... seule Skagway a survécu.

L'arrivée à Skagway fait un choc après toutes ces contrées sauvages. L'enfer du tourisme de masse avec 4 paquebots de croisière au port, un ballet de 6 hélicoptères qui font des rotations de 1/2H, un train touristique qui mêne à la Whitepass au milieu desRocheuses, deuxième grande voie d'accès à Dawson après le Chilkoot trail. Ville assez bien "conservée" dans le style de l'époque avec le goudron en plus, beaucoup de diamantaires dans la ville, des boutiques de souvenir...
Un super ruisseau à saumon se trouve à Skagway centre ville mais malheureusement ils n'avaient pas encore commencé à remonter, la saison a été assez froide et pluvieuse, comme en France.
Retour à Whitehorse dans l'après midi par le Whitepass. A 1000m d'altitude nous avions une végétation que l'on retrouve à 2000m dans les alpes et plus haut l'univers était essentiellement minéral avec de nombreux lacs.
Passage de la frontière canadienne où une charmante douanière nous demande d'où vient le tronc de bois (mat de la tente très "trappeur" de Matthieu -mais ô combien confortable) qui est sur la galerie. S'il ne venait pas du Yukon il aurait fallu le ramener aux USA... Curieux non ? Je me demande s'ils font pareil pour les meubles ?
En redescendant sur Whitehorse, la végétation revient peu à peu les lacs s'enchainent, tous aussi beaux les uns que les autres avec une mention particulière pour le lac "Emeraude" vraiment paradisiaque et qui doit sa couleur a une forte population de diatomées. Guess what ? Il y a un magnifique chalet de rondins sur le bord... L'image d'épinal du Canada pour les français que nous sommes.
Retour à Whitehorse pour une douche bien méritée et un peu de repos. J'oubliais, au menu: Dolly Warden... toujours aussi bon ce poisson !

Mercredi repos à Whitehorse. Toujours matinal Jacques envisage de checher de l'or dans le ruisseau voisin, sachant qu'il y avait une mine de cuivre, de zinc, d'argent et d'or à proximité. En fait il n'a trouvé que des paillettes blanches (argent ? zinc ?) mais l'exploration des rejets de l'ancienne mine lui a permis de découvrir de jolies pierres dorées de belle taille ! A la première, espoir fou mais comme il y en avait d'autres ce ne pouvait être de l'or (1kg en 1H !!!) donc peut être de l'or des fous mais plutôt du cuivre natif de plus la couleur vers de gris du quartz alentours renforce cette hypothèse... Un beau rêve de quelques minutes mais il faudra tout de même que je demande ce qu'est ce minerai. Il faudra aussi que j'achète une batée au plus vite car je n'ai pas l'intention de repartir du Yukon sans quelques paillettes, voire une pépite, soyons fous!


Fin de matinée et après midi paperasse et chopping à Whitehorse. Adrien a enfin récupéré son 12, les lagopèdes et lièvres n'ont qu'a bien se tenir ! Repas dans un restau très typique style gold rush avec toit en toile, objets et photos d'époque. Excellent, très copieux et peu cher mais il faut attendre qu'une place se libère.


Demain David et Yannick vont retrouver La Giettaz, Jacques fera un EPI sur Icy Waters filmé par Adrien (approche global pour les licences pro, je le sens bien !) et il faudra choisir une direction pour nos prochaines aventures: Alaska à nouveau pour pêcher le halibut, ou canoë sur la Big Salmon River ou une autre rivière ? A voir selon conditions de débit et météo.

Prochaines nouvelles dans quelque(s) semaine(s)

vendredi 11 juillet 2008

Premier jour au Yukon pour Jacques

Un autre rédacteur pour ce blog.... J"espère que les lecteurs assidus ne seront pas trop déçus du changement de style.

J'ai eu le plaisir de passer au dessus de Reyroz ou presque à l'aller. Je n'ai pu retenir une photo.

Pour un premier voyage dans le grand nord, beaucoup de choses surprenantes, étonnantes...


Comme un café Zola à Whitehorse... Chantal appréciera

Une première visite aux amis de Mattthieu: Pierre, Ingabritt avec leurs chiens de traineaux, leurs chevaux et toute la faune proche: mouches noires (très agaçant), chiens de prairies et coyote. L'habitat est surprenant de légéreté et de finesse quand on pense aux -50 qu'il fait l'hiver. Mais il est vrai que le bois est abondant et gratuit pour peu q'on aille le chercher. Même les poëles ne sont pas très élaborés, le rendement calorifique est plutôt médiocre. Le budget de l'élevage de chien est privilégié... 1 $ par jour et par chien pour 25 à 40 chiens pour les deux personnes concernées.

Ingabritt est surprenante dans son approche très maternelle de son élévage de chiens. Connaissant chaque caractère, chaque origine et prenant un soin tout particulier à la tendresse prodiguée aux jeunes chiots afin qu'ils aient confiance en eux. Toute une démarche destinée à avoir des attelages aussi fiables que possibles. Cela me donnerait presque envie de braver l'hiver pour essayer.

Je bavarde, ja bavarde mais il faut faire les paquets pour partir en Alaska.

mercredi 9 juillet 2008

Nouvelles d'alsace :

Juste un petit bonjour de l'alasace avant de repartir demain jeudi 10 juillet au Yukon pour 14 mois.

Juste pour info :
Ingabritt a bien fini la Yukon river quest dans les temps en 65 h 39 min ce qui donne un classement de 66ème sur 100 au départ. C'est tout à fait honorable pour une première fois.

Au programe de cet été :

- Une semaine sur la route de l'alaska (kluanie national parc, haines, skagway) pour voir la faune local (ours, bison,...) et aller à la peche au saumon avec Jacques de Poisy, Adrien et ces deux copains de la Giettaz.

- Descente de la Bid salmon river puis du yukon jusqu'a dawson en canoe en 15 jours avec Jacques et Adrien.

- Voyage en alaska du sud ouest (Kenai peninsule) en voiture pour aller voir les halibuts, les saumons et grizzlys du coin.


N'ayant pas encore trouver les prises internet et electrique sur les sapins, le blog sera relativement calme durant l'été. Mais reprise autour du 25 aout pour vous raconter tout ca et en photos.


Bonne vacances à tous,


Matthieu.