mercredi 23 avril 2008

Pour un week-end tranquille à taquiner la lake trout !!!!

Vendredi :
(Les photos vont suivre mais il est 00h28 et je suis crevé !!!)

Comme convenu, Pierre vient nous chercher à Icy Waters vendredi midi. Au programme : aller à Coal lake (un petit lac à une ou deux heures de chiens de traîneau de Fish Lake) qui regorge de lake trout, afin de tenter d’en attraper quelques-unes unes.
Nous embarquons à bord de l’avion jaune (c’est comme cela que Pierre appelle sa voiture) en direction de Fish Lake. En cours de route, il nous informe d’une manière tout à fait ordinaire que le programme a changé. Si nous sommes d’accord, on peut faire un tour en traîneau un peu plus long.
Tout d’abord direction Mad Lake ou une tente de trappeur nous attend pour y passer la nuit. Ensuite, Rose Lake et Johns Lake où nous prévoyons de passer la nuit dehors. Il y a bien une cabane mais très difficile à trouver. Puis le lendemain, filer sur Takini Lake et Kuswa Lake où quelqu’un viendrait nous chercher en voiture pour rentrer sur Fish Lake si nous n’avons pas le temps de revenir avant dimanche soir (vive le téléphone satellite).
Un beau programme en perspective avec notamment un cumul de près de 250 km de traîneau.

Arrivée à sa cabane à Fish Lake, nous ré-empaquetons nos affaires. Pas la peine de se charger inutilement de matériel de pêche alors que nous n’aurons pas le temps de nous y consacrer.
En regardant mon duvet, je palis à l’idée de dormir dehors par –20°C.
‘’Je vais donc crier famine chez Ingabritt ma voisine. La priant de me prêter quelque chose pour subsister’’.
Elle me confie donc un magnifique duvet North Face conçu pour affronter les froids les plus violents ainsi qu’une thermos afin d’avoir un bol de thé chaud de temps en temps (toujours fort appréciable) et une veste en feutre (chaude et résistante aux griffes des chiens). Ils sont trop gentils ses gens, on vient pour demander un duvet et on repart avec la moitié de leur cabane.

Elaboration du menu également pour les trois prochains jours. Chacun déballe ce qu’il a amené. Pour nous, quelques steaks, un artic charr de trois kilos, des pâtes, patates, … de la confiture du fromage. Bref de quoi survivre dans le bush. Quant a Pierre, il nous déballe simplement des brochettes de crevettes, suivi de tranche de filet de bœuf bardé de lard et pour couronner le tout quatre homards. Et oui, c’est jour de chance pour certain lorsque le congélateur de la poissonnerie de Whitehorse tombe en panne. Nous rajoutons au tout quelques agréments afin de se faire un repas royal le soir venu.

C’est enfin le départ tant attendu. Les traîneaux sont pleins de victuailles (pour nous et les chiens) ce qui avec nos affaires respectives leur fait un poids de cinquante à soixante kg. Les chiens sont à fond. Ils savent qu’ils partent en expe et sa les rends fous. Une fois tout le monde attelé, Pierre part en premier. Je lui laisse une cinquantaine de mètres d’avance quand soudain surgit de nulle part un léger claquement se laisse entendre. Je bondis sur mon traîneau et ne peux que regarder impuissant la deuxième corde de l’ancre éclater également. Je file à toute vitesse, tiré par six bolides en regardant seulement le bout de corde où était fixée l’ancre voler au vent. Heureusement que nous en avons emmené en rabe.
Au bout de un kilomètre, je me retourne et que vois-je. Rien. Le néant. Mais où est donc passé notre ami Jérémie. Il était là et Pfff. Il est déjà à la traîne avec un traîneau tout neuf (il y a dix ans) et six chiens en pleine forme.
Nous avançons de bon train, traversons Fish Lake en un temps record. Au milieu, nous effectuons une courte pause pour échanger quelques affaires afin d’avoir des vitesses similaires. Pendant que Pierre échange quelques affaires avec Jérémie, je retiens les chiens de Pierre. Soudain j’aperçois mon traîneau qui arrive au pas de course, me double. Je cours derrière et plonge afin de tenter de saisir le guidon mais mes mains se referment dans le vide. Lorsque je me relève, mon traîneau n’est plus d’une ombre. Pierre se lance à sa poursuite en traîneau. Quelques centaines de mètres plus loin, Pierre attrape mon traîneau et freine les deux équipes avec un pied sur chaque frein. Un exercice qui demande une certaine maîtrise. Je monte sur patin du celui de Jérémie et nous rattrapons les deux équipes.

Arrivé au bout du lac, nous prenons une petite piste qui serpente à travers la forêt. Nous passons un col et là la vue est à couper le souffle. De nouveaux paysages, encore et encore. Des vallées s’ouvrent avec pour seule végétation des petits saules de un mètre de haut. Le paradis des caribous et lagopèdes. Ces derniers n’arrêtent pas de s’envoler à un mètre du traîneau, faisant confiance en leur camouflage avant de prendre la fuite. Les chiens leurs cours après en essayant de les attraper mais en vain. Je me laisse bercer par les mouvements du traîneau en contemplant ses paysages magnifiques, à la recherche du moindre indice qui pourrait trahire la présence d’un animal. Soudain, mon traîneau stop malgré la traction exercée par les chiens. Et là stupeur, en regardant le sol je constate que la neige a disparue sur le sol où il n’y a que cailloux, rochers et sable. Pas tout à fait le terrain de progression idéal pour ce genre d’engin.
Maintenant c’est moins romantique. Il faut courir derrière le traîneau, pousser, tirer avec les chiens dans les montés. Cela dur sur un ou deux km puis nous retrouvons la neige.
Soudain, mon regard est accroché par des formes qui me semble en mouvement. Je tourne la tête et que vois-je ? Mon premier troupeau de caribous. Pas bien gros, cinq six bêtes. Mais depuis le temps que j’espérais les voir. Cet animal symbole du Nord, dont tant de peuple on tiré leur subsistance jusqu'à il y a peu de temps.
Mais déjà il faut repartir, la route est longue et le soir arrive à grand pas. Un peu plus loin, nous croisons une deuxième harde.
Nous débouchons sur un lac, où règne l’ossature de quelques vielle cabane. C’est Mad Lake. Encore un endroit mythique dont j’entends parler depuis plus de deux ans. Nous traversons le lac et débouchons sur une magnifique tente prospecteur. La même que celle utilisé au temps de Jack LONDON, sauf que les ossatures métalliques ont remplacé les perches en sapins. Nous installons des lignes en câble d’acier entre deux arbres afin d’y accrocher les chiens pour la nuit. Sur le sol, une bonne couche de paille permet de les isoler du froid.
Ensuite, une fois les traîneaux déchargés, il faut fendre du bois et faire du feu. Un dans le poêle de la tente pour réchauffer l’atmosphère et la cuisine et un à l’extérieur afin de faire fondre de la neige pour les chiens.
En attendant que ça chauffe, nous distribuons un peu de poisson (résidus de filetage) aux chiens en guise d’apéritif.
Puis pendant que mes deux confrères vont nourrir les fauves, je m’occupe de notre pitance.
Comme je vous l’ai dit plus haut, ce soir nous allons manger comme peu de gens ont déjà mangé et encore moins dans une tente de trappeur loin de la civilisation.

Au menu :
· En entrée : brochette de crevettes décortiquées flambées au whisky,
· Premier plat : tournedos de bœufs à la mode de Mad Lake,
· Deuxième plat : Queue de homard à la nage de neige fondue,
· Le tout accompagné d’un mélange de riz sauvage et de riz complet.

De quoi nourrir un homme après une grosse journée dans les bois…

Nous prenons ensuite la direction des duvets afin de passer une bonne nuit. Demain le levé est à six heures car une dure journée nous attend.

Samedi :

Le réveil sonne à six heures, nous émergeons lentement de nos chauds et confortables duvets. Une allumette dans le poêle et la température devient plus que supportable. Au menu de ce matin, un festival de pancake accompagné de confiture se saskatoon berry, miel,… Nous sommes repus, les chiens ont mangé également.
Prêt pour le départ. Il a neigé deux centimètres durant la nuit, ce qui procure une glisse idéale. Nous avalons les km, en découvrant sans cesse de nouveaux paysages.
Le chien de traîneau, c’est comme le canoë, on peut emmener plein de choses, sauf que les paysages sont moins monotones. On peut franchir des cols, des montagnes, des vallées,… On ne reste pas cantonné à la seule altitude de la rivière.
En revanche, aucun animal n’est de sortie. Dans une grosse descente, Jérémie qui ne connaît pas sa force arrache le croisions situé à l’arrière du traîneau afin de lui procurer de la rigidité (un peu comme une étagère). Réparation de fortune pour le moment, puis nous continuons. Dans une autre descente, je ne sais pas ce que je fabrique, mais je réussis à glisser mon pied sous la pédale de frein. Ne pouvant plus freiner momentanément, je ne peu faire que constater la vitesse à laquelle je me rapproche du traîneau de Pierre arrêté au bas de la décente. Les chiens ne pouvant le dépasser s’arrête, mon traîneau se rapproche des chiens qui me regardent terrorisés par cette masse qui leur fonce dessus. C’est seulement à ce moment que je comprends que j’ai le pied gauche qui à glissé sous le frein. Je saute dessus avec les deux pieds et m’arrête au moment ou l’avant de mon traîneau allait percuter celui de Pierre. Ouf !!! Que d’émotions !

Plus nous descendons dans la vallée, plus nous entrons dans la forêt plus la neige se faut rare. Bientôt, il nous faut traverser un marais sans neige et partiellement gelé. En revanche, à sa sortie nous glissons sur un magnifique ruisseau qui serpente dans la pleine. Quand soudain parait une magnifique trace d’un gros loup solitaire. La taille des traces est impressionnante, presque la taille d’une main (étendue mais les doigts sérés les uns contre les autres). Celles de nos husky qui sont pourtant de gros chiens déjà paraissent ridiculement petites. A en constater par l’évolution de la neige, le loup est passé il y a très peu de temps. Une heure, deux trois peut-être au maximum. Je scrute la vallée, mais même s’il était à dix mètres je ne le verrais pas tant les buissons sont épais.

Nous la quittons pour traverser une forêt qui a brûlée il y a maintenant six – huit ans. Le soleil pointe, la lumière est irréelle. La magnifique couleur or des troncs mi à nu par l’incendie ajoutée au noir profond des parties carbonisées, au blanc de la neige et au vert tendre des petits pins qui repousse ici est la, rend l’endroit magique. Rien ne pourrait laisser croire que s’est déroulé ici un horrible drame. La forêt à brûlé sur des centaines d’hectare, des milliers,… Emportant avec elle toute la vie qui était présente. Mais maintenant elle renaît, plus productive que jamais, abritant de nombreuses plantes et animaux dont les espèces vont évoluer au fur et à mesure de son veillisement jusqu’à atteindre le stade climacique, c’est à dire le maximum de son développement. A ce stade, la production de la forêt et égale aux apports, la chute des feuilles permet uniquement leur croissance au printemps suivant… Jusqu’à qu’un nouvel incendie arrive, ou que l’homme la détruise pour des raisons plus ou moins bonnes.


Lorsque nous en sortons, c’est devant un énorme champ de terre et d’herbe jaunie par les longs mois à l’absence de la lumière. Nous distinguons à peine sa fin. Les chiens tirent, nous poussons, les traîneaux raclent sur les rochés, des copeaux de plastique provenant des skis reste accroché au sol. Plus nous avançons, plus la neige disparaît. Le fort soleil qui règne alors n’améliore pas la situation. Les chiens souffrent, il fait trop chaud pour eux, près de dix degrés.
Lorsque je me retourne, plus de Jérémie. Ou est il passé ? Nous l’attendons cinq, dix, quinze minutes. Puis le voilà qui apparaît à l’orée du bois en poussant et tirant son traîneau. Lorsqu’il arrive à notre hauteur il nous dit qu’il a perdu ses skis. En effet, à force de racler sur les cailloux, le plastique s’est usé et a fini par disparaître laissant apparaître les rails en acier sur lesquels ils sont montés. Et entre le polyéthylène et l’acier les coefficients de frottements ne sont pas les mêmes. Il ne peut plus monter sur son traîneau.

Nous traversons ensuite un petit lac, lorsque soudain les chiens et le traîneau perce la neige pour aller patauger dans un mélange de neige et d’eau sur dix centimètres de profondeur. Les chiens n’aiment pas ça et les humains non plus. Heureusement qu’il fait chaud. Mais l’hivers, même par –20°C ce type de phénomène peu se produire. Mais alors, le mélange eau neige gel instantanément au contacte de l’air, emprisonnant le traîneau qu’il faut alors dégager à la hache.

Dans une descente quelques kilomètres plus loin alors que nous sommes de nouveau au sein de la forêt incendié, le traîneau de Jérémie alors lancé à vive allure s’immobilise subitement. Le frein, sorte de broches qui se plante dans la neige lorsque l’on appuie dessus, se trouve bloqué conte un roché. Quelques mètres plus tard, il se rend compte qu’un des deux freins a été arraché par le choc. Son traîneau et difficilement maîtrisable en grosse descente et lent sur du plat ou en monté. Le pauvre.
Alors que nous arrivons à une sorte de col, à quelques km de Rose Lake une grosse et longue descente sans neige nous barre la route. Nous arrêtons les chiens, accrochons les traîneaux à un arbre et partons en reconnaissance à pied. Plus un gramme de neige !!! Que du roché, de la terre et des racines. Rien dans quoi nos freins peuvent adhérés.
Nous nous retrouvons bloqué à deux, trois peut-être cinq km d’une magnifique cabane dans laquelle nous pensions nous arrêter pour offrir quelques heures de repos aux chiens avant de repartir en direction de Johns Lake. En bas, le lac se moque de nous. Il est magnifique, tout en glace, une vraie autoroute à traîneau. Mais il nous faut prendre une décision difficile, retourner en arrière et rentrer à Mad Lake. Il est alors près de une heure de l’après midi et nous avons déjà parcouru plus de quarante km. Une pause, le temps de nourrir les chiens, leur donner deux heures de pause, manger un bout, faire la sieste… Mais surtout de regarder fondre la neige, qui disparaît comme neige au soleil. Au départ, les chiens sont de nouveau plein d’énergie. Mais rapidement ils ralentissent et tirent doucement sans broncher malgré le peu de neige. Quelques fois il faut près de dix minutes pour franchire une dizaine de mètre de dénivelé à 45°. Poussant, tirant avec les chiens, les motivants.
Mais ils n’en peuvent plus de tous ses km sans neige, de ses montés entre les blocs de rocher où les pattes n’adhèrent pas…
La galère, la vrai ou pas loin. Les joies et les peines des expéditions. De courte durée mais une vrai.
Nous avons mis près de quatre heures pour faire l’aller, il nous en faudra plus de sept pour le retour.
Et pour couronner le tout, pas un animal ne se montre. Seul le ciel se couvre laissant présager des chutes de neige imminentes. Nous les attendons, espérons que vienne une de ces chute de neige comme sa sait les faire ici déposant 10 cm en une demi-heure. Mais rien à part trois flocons qui fondent immédiatement au contacte du sol.

Soudain, alors que tout le monde peine, pousse, tire, a une centaine de mètres se trouve une magnifique harde de caribous de cinq animaux. Ils nous observent, cherchent à savoir de quelle bête il s’agit, sentent l’air, se rapproche pour mieux distinguer. Puis fininssent par s’enfuire au galop passant à une dizaine de mètre de Pierre.

Nous ne pensons plus qu’a arriver, se nourrir et dormir. Plus que dix km. Mais même les chiens nous plus la force de tirer. Nous enchaînons les pauses… Puis subitement au détour d’un bosquet, en changeant de valons, nous retrouvons la neige. Cette neige blanche dont nous rêvons depuis des dizaines de km. Elle est là. Ho pas bien épaisse deux trois centimètres tout au plus et avec l’heure qui passe et le froid qui vient avec le soir la piste est dure et gelée. Les derniers km sont rapidement gagnés et s’est après dix heures du soir que nous arrivons à nouveau à la tente après plus de 80 km parcourus et treize heures que nous sommes partis, dont trente à quarante km parcourus à pieds et sûrement plus pour Jérémie.
Dételer les chiens, leur donner à manger, manger et dormir. Mais surtout ne pas s’arrêter. Sinon impossible de se remettre au travail. Chacun connaît sa tache, fendre du bois, faire à manger, faire fondre l’eau pour les chiens,… Moins de deux heures plus tard tout est en ordre et nous sommes au fond des duvets à peine allongé que nous dormons déjà.


Dimanche :

Debout après huit heures de sommeil réparateur (ou presque) nous prenons un petit dèj gigantesque. Nous décollons vers midi, après avoir copieusement nourris et abreuvé les chiens qui ont perdu une sacrée couche de gras pendant la journée d’hier. S’est pas la distance qui les à cassés mais le terrain, le fait de tirer sur la terre et les cailloux. C’est l’heure de ranger les chiens jusqu’au prochaines chutes de neige l’automne prochain.

Retour vers Fish Lake, chacun à son rythme ponctué de nombreuses poses. En partant nous enchaînons les troupeaux de caribous et c’est près d’une cinquantaine de bêtes de nous croiserons en l’espace de quelques km.

Par chance, nous retrouvons assez vite la neige et la garderons jusqu’au bout dans le yard de Pierre. La traversé du lac est longue, de plus il souffle un affreux vent qui nous frigorifie dans nos habits humides de transpiration. Et nous n’avons plus assez d’énergie pour courir derrière les traîneaux. Arrivé à la cabane, cuissons de notre repas, repas des chiens, un tours chez les voisins (Hingabritt et Steve) pour leur rendre leurs affaires et conter nos aventures avant de s’endormir au chaud bercer par la beauté des paysages traversés.

Mais que diable lorsque le réveille sonne à 5h30 du matin pour partir à Icy Waters. Dur dur le levé et pour la première fois je me recouche en arrivant vers 6H15. Nous sommes courbaturés, vidé, la semaine va être dure.

1 commentaire:

jacques a dit…

Quelle aventure ! A ce rythme tu ne vas pas faire de gras!
Je suis heureux que la neige commence un peu à fondre...C'est vrai quoi, juillet arrive à grand pas et je ne souhaite pas emmener mes skis...
Bonne continuation
Jacques