Ce beautiful day fut sans doute la plus belle journée de cet été passé à courir les montagnes rocheuses.
Pendant que la lumière rosée de l'aube traverse les vitres de la cabane à Vanier, nous émergeons de nos sacs de couchage réveillé par les écureuils qui courent sur le toit et dans la cabane, puis par Jack qui à son habitude nous fait une petite craquée dans le poêle et nous prépare le breakfast. Il a gelé ce matin !
Peu après nous embarquons le paquetage dans le canot, direction en face de l'autre coté du lac. Nous accostons dans la brume matinale sur une berge marécageuse où quelques empreintes dans la mousse témoignent du passage d'un orignal un peu plus tôt. C'est par là que la veille au soir, à l'aide de nos jumelles sur la colline qui domine la cabane à Vanier nous avons définit le départ de l'aventure.
Nous avons choisi de traverser la forêt jusqu'aux alpages là où les épinettes sont les plus denses pour éviter au maximum les willows (saules) impénétrables. Puis nous couperons à flan de montagne jusqu’à un col sans nom pour atteindre un plateau alpin. Ensuite nous effectuerons les 200 derniers mètres de dénivelé entre les éboulis de pierres et les névés pour atteindre le sommet.
Jack part à l'avant et le rythme est soutenu. Nous traversons des zones très encombrés, Oumiack gambade ici et là sur les traces d'un gibier quelconques. Nous la perdons de vue. Nous entendons le tintement de sa clochette s'éloigner dans la jungle. Nous avançons tant bien que mal empruntant les pistes que les orignaux et les ours traces dans le bush. Plus nous montons et plus la forêt s'éclaircie, laissant apparaître de tant à autre les pentes des alpages qui commence à rougire en cet fin du mois d'août.
Avant d'atteindre les champs de myrtilles et d'airelles, Oumiack nous rattrape grâce à son flair redoutable. Nous débouchons dans une zone subalpine, une petite vallée entouré au sud par des saules rabougris qui s'accroche à la pente et au nord par de grands éboulis parsemés de plaque de lichen.
Nous n’avons pas fait cent mètres qu'au détour d'un willow, je demande à jacques de marquer une pause. Deux Grizzlys pâturent dans les myrtilles à 400m sur une petite colline en face de nous. Les ours ne nous ont pas vu, l'image et magnifique. Ils sont très gros, rien à voir avec les grizzly de la chilkoot river à Haines de 200- 300 kilo habitués aux humains et spécialisé dans le vol organisé de saumons aux pêcheurs. Non, là nous avons à quelques centaines de mètres deux grizzly de montagne adultes. Probablement un couple ou deux membres d’une même famille. Soit deux bétians, comme dirait jacques, de 600 kilo respectivement qui n’ont pas du croisé beaucoup de bipèdes depuis leurs sortie d’hivernation.
Les plantigrades sont de couleurs très foncés, presque noire, avec une livré grise argent qui part de la base de la tête jusqu’à la queue. Leurs fourrures étincelles dans la lumière du matin. C’est splendide !
Que faut il faire, les ours sont pile sur le chemin que nous voulons emprunter. Il ne faut surtout pas les surprendre car la charge serait inévitable. La seule solution consiste à se laisser repérer à longue distance et surtout ne pas les perdre de vue. Jack leurs lance un « Hé les ours, on voudrait passer », un peu trop fort à mon goût, qui résonne dans la vallée. D’un coup les deux bétians lève la tête de leurs festins de bleuets, hume l’air et se dresse l’un après l’autre sur leurs pattes arrière pour analyser la situation. Un mélange de peur et de fascination m’envahit, je glisse deux balles dans les canons du fusil que j’ai amené avec moi et en garde deux autres dans la poche, ça rassure. Jacques me dit : « Monte sur la petite colline la devant, tu vas pouvoir les filmer de plus près » Avant de monter sur la colline en question il faut passer une dépression où les saules plus grand nous bouchent la vue. Avant de m’engager je jette un dernier coup d’œil sur les grizzlys, et en voie un retomber lourdement sur ses quatre pattes.
Puis nous montons vers le haut du monticule. Arrivé au sommet il n’y a plus d’ours, comme un mirage il se sont évanouit dans le paysage. Je scrute le fond de la vallée et voie deux masses brunes arpenter la montagne et disparaître dans le lointain. La caméra est resté au fond du sac mais ça fait rien.
Nous poursuivons notre aventure en quête de nouvelles rencontres.
Nous avons passé la limite des arbres, on voit maintenant à des kilomètres devant nous. Avec Matthieu nous choisissons de prendre à flan de montagne afin d’atteindre le plateau un peu avant le col. Jacques préfère passer par le fond de la vallée avec Oumiack.
La pente est très raide, ça me fait penser à la porte des Aravis à la Giettaz, avec les lagopèdes en plus ! Nous dérangeons une petite compagnie, j’en tue un pour le repas du soir.
Après quelques traversées de pierriers nous atteignons en fin le col. Le paysage s’ouvre littéralement sur un plateau de lichen jusqu'à l’horizon parsemé de petit lac et de quelques épinettes chétives Le Wilderness total.
Le vent souffle sur le plateau et nous pousse à rajouter une couche et à troquer nos chapeaux contre les bonnets plus chaud.
Ne voyant pas arrivé Jacques, nous nous inquiétons un peu car il a suivit le chemin exact emprunté par les ours dans leur fuite. Puis d’un coup, Oumiack déboule en trombe par le col et part au trousse d’un petit groupe de Mouflon de Dall qui paissait juste en contrebas. Jack arrive peu après, il n’a pas revu les ours mais il s’est tout de même inquiété pour nous quand il a entendu le coup de feu du lagopèdes.
Nous continuons l’ascension ensemble. Le versant fourmille de point blanc, une cinquantaine de Mouflon essentiellement des mères et leurs petits, qui ne semblent pas très inquiétés de notre présence. Matthieu prend Oumiack en laisse et je tente une approche pour filmer. Arrivé à 200 m les animaux déguerpissent.
Nous finissons l’ascension sur un champs de cailloux, la faim commence à se faire sentir le petit déjeuner du matin est déjà loin dans les chaussettes.
Arrivé en haut, Oumiack lève une compagnie d’une dizaine de lagopèdes. Je part donc à la chasse. Je rattrape vite les oiseaux qui piètent devant moi. J’en tue un bien gras puis passe le fusil à Matthieu qui en tuera deux autres en une seule cartouche. Ce soir se sera un banquet.
Les autres oiseaux ne semblent pas dérangés par l’abattage de leurs congénères et reste autour de nous.
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Nous basculons sur le versant sud à l’abri du vent pour la pause casse croûte. Il fait un peu froid, jacques est surgelé.
Nous regardons Oumiack lever ici et là quelques lagopèdes et parcourir en tout sens le vallon devant nous. Tout à coup deux caribous débouchent par le haut du vallon et rentrent presque en quasi collision avec la chienne occupée à poursuivre les oiseaux.
Oumiack surprise fait volte face et part en trombe en sens inverse, les caribous marque un temps d’arrêt pour observer ce drôle de petit loup puis déguerpissent sans demander leur reste.
Sur la crête en face une harde de mouflon, tel des sentinelles, observe toute la scène.
Nous quittons le versant venteux pour le chemin du retour, passé le col nous dérangeons 5 mouflons blanc qui passe à moins de 100 m de nous.
La descente à flan de montagne est éreintante, mon genoux commence à faire des siennes. Nous localisons une tanière de loup sur le versant opposé, mais pas de traces du carnivore, celle-ci est peut être abandonnée.Avant de rejoindre les profondeur de la forêt, Matthieu repère une femelle orignal avec son veau de l’année. Couché au milieu des saules en pleine pente les deux élans prennent le frais à l’abris des attaques de mouches noires. Dérangé par notre approche ils prennent la fuite à flan de montagne et disparaissent derrière une crête. Nous pénétrons dans le bois par une sente animale. La descente jusqu’au lac est longue et harassante. On n’en voit pas le bout de cette foutue jungle inaccessible. Arrivé au bord du lac il faut retrouver le canoë, chose assez difficile vue la densité de végétation. Nous partons chacun d’un coté. Finalement c’est Jacques qui tombe dessus après 10 bonnes minutes de recherche ; nous embarquons.
Miracle pour le retour, pas besoin de ramer, une bonne brise nous poussent dans le dos jusqu’à l’autre rive vers un repos bien mérité et surtout un festin de lagopède alpin.
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Ce sont des journées comme celle-ci qui font que le Wilderness, la terre sauvage du grand nord devient un endroit magique pour un coureur des bois. Ici il faut savoir surmonter sa peur de l’inconnu, des soit disant « bêtes sauvages ». Avoir le courage de percer les forêts, traverser les ravins, gravir les montagnes. Essuyer les averses fréquentes, les températures instables… Pour découvrir une beauté naturelle hors du commun, un mélange particulier de lumières, de couleurs, de paysages et les êtres vivants qui les composent. Pour percevoir cette sensation unique de partage, en se nourrissant de cette nature, pour pouvoir s’inclure pleinement dans cette vie sauvage et ne pas rester un vulgaire intrus à deux pattes, observateur distant et aseptisé. Trop évolué pour cette vie simple ou totalement dénaturé ?
Le Wilderness est un endroit rude et inhospitalier pour le commun des mortels, mais si vous voulez découvrir sa beauté ils faut vous endurcir un peu, troquer votre vie sereine contre l’aventure et je vous le promet vous ne serez pas déçu du voyage.
Les kings ne sont toujours pas là. Seul un greyling attend...
Il n’y a eu que 43 remontées pour l’instant. Matthieu et Adrien sont déçus, eux qui en avaient vu des centaines en bas de l’échelle à poisson il y a deux ans. La base de l’échelle était rouge de saumons. ss
Nous rencontrons le responsable de l’écloserie Fédérale qui est chargé de repeupler le haut Yukon en alevins saumons à partir de quelques poissons prélevés dans la passe. Il n’a encore récupéré aucun géniteur cette année et il ne connaît pas la raison exacte de cet état de fait. Génétiquement les saumons du haut Yukon sont différents de ceux qui fraient dans les affluents en contrebas ; ils sont plus riches en graisse, ce qui leur permet de remonter le fleuve sur une si grande distance. Les alevins qu’il produit et relâche en amont remontent aussi bien que les sauvages les quelques 3200km de fleuve. 
après la passe à poisson de Whitehorse, nous passons à l’association Franco-Yukonaise, très active à Whitehorse pour prendre des informations sur ce qui se fait pour les francophones à Whitehorse et aussi pour envisager des stages pour des étudiants en forêt, GPN, GFS.. Il semble y avoir de bonnes possibilités et le gouvernement du Yukon a fait un programme spécifique pour l’accueil de jeunes francophones.
Le canoë est bien chargé et nous avons 7/8 km à faire avec notre barda.
Le soleil est au rendez vous et il nous faut 1h30 pour rejoindre la zone de débarquement. 
Ensuite deux voyages seront nécessaire pour tout monter à la cabane. Ce n’est pas très long, mais il y a une bonne côte.



Il y a quelques assiettes en carton dédicacées sur le poteau central. Il y a cependant une fuite d’eau juste au dessus de la table te notamment des bancs qui sont recouverts de fourrure de caribou. Du plastique a remplacé deux vitres cassées. Il y a plusieurs trous par lesquels rentrent les écureuils et autres rongeurs en pleine nuit. Matthieu et Adrien prendront les mesures et sont décidés à revenir un WE pour arranger cela.
l’extérieur il y a une dizaine de niches pour les chiens et un corral pour les chevaux. Bref c’est une véritable résidence secondaire ouverte à tous dans un cadre somptueux, sur un petit promontoire en bordure d’un lac et face à de nombreuses montagnes. Elle est en territoire indien et il ne peut y avoir aucun résident permanent. Tout a du être apporté pour sa construction car M Vanier n’a pas eu l’autorisation de couper le bois nécessaire sur place.
Arrivés sur la crête nous avons la surprise de voir à contre jour un grand caribou des bois qui nous observe à moins de 300m. Il partira quelques instant plus tard suivi par Oumiak. Nous le reverrons un peu plus tard sur une montagne à plus d’un Km, dont il longera la crête pendant un bon moment. 


Le sommet du mont Granger
Des girolles, vous croyez ? Ces champignons font moins de 1cm de diamètre.




C’est l’homme qui a vu l’ours et qui a testé le beat spray !
Oumiak semble avoir récupéré de la veille et l’accompagne. Arrivé au sommet c’est un grand plateau herbeux genre pelouse alpine de haute altitude. Le soleil éclaire les sommets environnants. 
L'autre extrémité de Fish Lake
Oumiak qui était restée sage jusque là fonce te poursuit les lagopèdes et autres oiseaux, comme d’habitude il n’y a pas moyen de la rappeler et Jacques a oublié la laisse.
Il part donc à 90° pour tenter de voir quelques animaux et Oumiak qui l’a perdu de vue revient et suit sa trace. En guise de laisse Jacques utilisera sa ceinture et enlèvera la clochette dont nous l’avons munie pour la retrouver. La ballade reprend et il est maintenant possible d’admirer des lagopèdes de près. Nous voyons les dall sheep au loin, une harde de 37 individus.
Oumiak en laisse il est possible d’avancer lentement dans leur direction. Dès qu’elle les a repéré elle tire fortement sur sa laisse et tracte Jacques. Ce sera sans doute un bon chien de traîneau !
Elle avait repris un peu de poids mais après ces deux jours on voit à nouveau ses côtes !
Nous plions après le repas, déménageons nos affaires en un seul voyage, ce qui a valu une belle acrobatie à Adrien... Toujours a ce faire remarquer celui-là !
Nous repartons en canoë direction la cabane de Guillaume au bord du lac. Guillaume est absent, nous rentrons donc à notre base pour une bonne douche puis un repas au restau « le Klondike » afin de déguster du « caribou stew ».
Arrivés au premier barrage, la différence de niveau n’est que de 15 centimètres ; nous arrivons à le passer avec un peu d’élan. Nous voyons de beaux brochets après le premier barrage. Quelques coups de cuilleres nous permettrons d’en remonter 5 ou 6 à différents points de ce deuxième lac et plus particulièrement près des huttes. Nous gardons un brochet de 55cm pour le repas du soir.
De retour au camp, pas de corvée de bois, nous sommes au Yukon et il y a un tas de bois bien sec à disposition, c’est très appréciable.
La petite inertie lors de l’extinction nous permet de nous coucher avec la lumière, un petit confort appréciable.
Deux castors se promènent dans une anse du lac ; ils ont abattu quelques petits trembles près de la tente dans la nuit.
Le camping et ses environs présentent quelques inconvénients pour les marcheurs car on rencontre un très grand nombre de troncs de jeunes saules coupés en biseaux à une dizaine de cm du sol… Il est très facile de s’empaler un pied sur ces pointes acérées, un inconvénient des castors auquel nous n’aurions pas pensé.
Nous rencontrons une cabane de rondins abandonnée près de l’un de ces barrages le long d’un ruisseau riche en graylings.
Il n’a pas fait vraiment soleil mais nous avons pris de bonne couleurs sous les nuages avec la réverbération sur l’eau.


Matthieu et Adrien n’en reviennent pas, ils prennent de très nombreux poissons et ont une touche toutes les 15 à 20 secondes. 
Jacques essaie la nymphe mais sans beaucoup de succès. La techniques est spéciale, notamment le ferrage. Nous gardons 4 poissons entre 45 et 60cm pour les 2 prochains repas.
Non nous ne sommes pas des goinfres ! Ces poissons qui sont tous des femelles sont très filiformes, ils viennent de frayer. D'ailleurs les 45/50 cm rentrent à peu près dans notre poële.
Cependant elles ont une belle chair rosée et sont succulentes malgré leur état physiologique.
Aujourd’hui nous allons traquer le brochet à la mouche et au streamer dans Palmer Lake, lac très poissonneux. Il y a beaucoup de vent et de belles vagues, nous embarquons tout de même et nous ancrons sur un haut fond. Nous touchons rapidement 4 petits brochets puis plus rien. Le vent se renforce, nous rentrons. Adrien donne un cours de pêche à la nymphe en rivière dans le creek au dessous du camping. C’est une véritable pêche miraculeuse puisque près de 50 ombres seront pris en une petite heure. A croire que ces poissons n’ont jamais été pêchés. Jacques à lui seule en a fait une vingtaine, ce qui est exceptionnel pour un débutant. Tous les poissons sont relâchés mais ils se débattent bien. Adrien en pleine action avec un récalcitran. 

De retour au camp nous cassons la croûte avec du corned beef, Adrien ne connaissait pas… et c’est la seule forme de pâté que nous avons rencontré entre le Yukon, l’Alaska et la BC. Un beau créneau commercial en perspective ! Il n’y a que très peu de charcuterie, seulement des saucisses et encore, pas très bonnes.
Certains s’installent même dans le canoë pour se restaurer.
Petits poissons mais la chair est excellente !