dimanche 10 août 2008

Enfin la pêche comme nous aimons !

Lundi 4 Août
Nous partons vers midi. Au moment de partir Oumiak en profite pour s’échapper et Matthieu mettra un bon moment à la retrouver, il faut faire vite car le bateau ne nous attendra pas à Skagway.
A Skagway on retourne vers le ruisseau à saumon, cette fois ils sont arrivés, des kings de 20 à 30 livres surtout et aussi quelques pinks qui font bien fluets par comparaison. Il y en a des quantités dans très peu d’eau très claire, a certains endroits les kings dépassent de la surface.



Nous avons tout le loisir d’observer leur stratégie de remontée. Un piège est aménagé pour les compter et aussi pour alimenter un petit bassin ouvert à la pêche. Ailleurs c’est interdit, sauf pour les indiens semble t’il. Il est vrai qu’avec au plus de 2 à 4m de large et 20 cm d’eau les poissons de 20 à 30 livres n’ont aucune chance. Un jeune indien pêche dans le ruisseau et harponne deux saumons d’une dizaine de kg sous nos yeux avant de rentrer chez lui à bicyclette. Quelques carcasses jonchent déjà le cours d’eau, preuve d’une activité de pêche assez soutenue. Nous avons toujours du mal à déterminer ce qui est possible de ce qui ne l’est pas, pour qui, à quelle période et pour quelle espèce… Les règles de pêche sont complexes.
Ce ruisseau ne fait que 300 à 400m de long ensuite vient une turbine hydroélectrique, nous ne pouvons qu’espérer que certains saumons pourront se reproduire pour assurer la génération future.
Arrivés à Haines nous plantons la tente dans notre camping habituel.Pour info voici l'aspect standard d'une place de camping d'état en Alaska ou au Yukon: le plus souvent on est en plein dans le bois et on ne voit pas les voisins. Par contre il n'y a ni eau potable, ni électricité, mais tout le temps des toilettes sèches, des bennes à ordure à l'épreuve des ours et un ensemble table/ banc pour casser la croute ainsi qu'un barbecue. En prime au Yukon vous avez un stock de bois sec et une zone de pic-nique abritée et équipée d'un poêle. Ces campings sont toujours dans des sites d'une beauté remarquable ou d'un intérêt particulier et le plus souvent riches en faune. Ils coûtent assez peu chers: de 10 à 12$ la nuit. Un excellent rapport qualité prix si vous acceptez de vous laver dans le lac ou la rivière car il y a toujours un lac ou une rivière à proximité. C'est très différent des RV (camping car) parcs privés qui ressemblent plutôt à des parkings de gravier avec un véhicule tous les 4 à 5 mètres mais ils ont l'avantage d'avoir l'eau et l'électricité. En passant le piège nous notons que les saumons ne sont pas encore arrivés en grand nombre : seulement 25000 sockeye et c’est déjà le last run pour cette espèce. Les pink commencent puis ce sera ensuite les coho vers début octobre. Les ours sont aussi là et l’un se dresse à notre passage. Il va falloir être prudents car ils seront plus agressifs en raison de la faim ; ils doivent en effet accumuler 100kg de graisse pour passer l’hiver. Après le repas une petite ballade le long de la Chilkoot nous permet d’apercevoir 4 ours dont deux ont l’air de combattre pour un territoire de pêche ; leur vitesse de déplacement lors de leurs manœuvres d’intimidation est impressionnante (60km au démarrage selon Adrien). Il ne ferait pas bon aller à la pêche après le crépuscule, les risques de mauvaises rencontres sont importants !

Mardi 5 Août
Bonne pêche à la mouche, cela mord enfin très bien. De beaux dolly warden et aussi des pink qui sont en bon nombre mais beaucoup sont matures ce qui fait que leur chair n’est pas intéressante, nous les relâchons donc, tout comme les petits sujets. Nous prélevons 4 poissons pour les repas de la journée. Lors du filetage le long de la rivière sur l’aire aménagée à cet effet, un ours brun veut s’accaparer notre casse croûte. Matthieu ne l’avait pas vu et courait après son chien, s’arrête à trois mètres et repart en sens inverse. Oumiak décide alors, allez savoir pourquoi de revenir vers son maître et c’est un magnifique face à face ours/ chien à moins d’un mètre, l’un aussi surpris que l’autre. Adrien sauve les filets mais l’ours se régale des têtes et des côtes qui n’avaient pu être évacuées. L’après midi nous prélevons encore 4 poissons pour les repas du lendemain et nous trouvons une zone où il y a de gros pink de 2 à 3 kg. Cela mord bien et à la mouche c’est très sportif car en plein courant c’est très sportif pour sortir ces animaux. Jacques arrête en premier parce qu’il a mal aux bras ! Il est vrai que c’est touche sur touche et certains de ces animaux nous prennent plus de 30m de soie dans des courants profonds et rapides où l’on ne peut guère aller en waders. Il faut donc conjuguer patience et énergie.
Les dolly wardens sont nettement plus combatifs que les pink avec des départs foudroyants mais heureusement ils ne passent pas les 3 livres sinon il faudrait encore augmenter le diamètre du bas de ligne. Nous avons en effet cassé plusieurs fois sur des poissons.

Dans la soirée, corvée de bois. Nous trouvons un arbre mort à abattre. Matthieu et Adrien essaient d'utiliser une méthode d'abattage innovante. Bilan, beaucoup de fatigue pour rien mais une bonne partie de rigolade.
Lors de la vaisselle du soir dans le rivière, Jacques a la surprise de voir une maman ours qui traverse à la nage avec son ourson de l’année. Ces deux plantigrades mettent peu de temps à traverser et remontent la berge dans sa direction. Jacques migre prudemment quelques mètres plus haut pour finir sa vaisselle en paix. Son respect des ours s’accroît de jour en jour ; ils courent vite, nagent rapidement… il faut absolument éviter de les fâcher !
De retour au camp nous décidons une expédition photos d’ours et si la maman a temporairement disparu sur la berge opposée, un ours exploite les saumons qui dévalent et sont bloqués par le piège. Il les déguste sur la route. Un panneau « bears crossing » avertir les automobilistes et piétons de cette présence quasi continuelle. De jour les ours ont une véritable haie d’honneur, à une distance d’une trentaine de mètres. Des gardes du parts et un garde chasse sont présents pour éviter les comportement dangereux. Ils disent au gens de toujours rester en alerte, un autre ours peut venir derrière vous alors que vous êtes focalisés sur un autre…

Cherchez l'ours dans la photo ci-dessous. L'ours déguste un poisson en hauteur à moins de 5m de la route, autant dire qu'il ne faut pas trainer car vous êtes sur son chemin pour aller au barrage pêcher un poisson. cette photo a été prise depuis la fenêtre de la voiture avec un petit appareil numérique.
En fin de saison, alors que les poissons près de la mort dévalent et sont très abondants, les ours ne mangeront que la peau et les œufs de façon à récupérer le maximum de gras en digérant un minimum. Les saumons sont vraiment à la base du fonctionnement de l’écosystème de ces rivières naturellement très pauvres ; sources de nourriture, de fertilisants…
On nous signale une mère et trois petits vers le pont aval mais il se ait tard et la fatigue se fait sentir.

Mercredi 6 août
Il pleuviote le matin, nous passons une matinée tranquille. Nous sommes cependant réveillés par des piaillement intempestifs. Au premier abord on pourrait penser à des oiseaux mais ce ne sont que des écureuils, forts nombreux. Ils s’approchent à moins de 2m de nous et nous narguent, jouent à cache-cache avec nous derrière les arbres, tentent de rentrer dans la tente mais s’en échappent au dernier moment. Adrien et Matthieu inventent un nouveau jeu qui consiste à faire tomber les écureuils de leurs arbres, tout simplement en les poussant avec le scion de leur canne à pêche. Ces écureuils sont tellement sur d’eux qu’ils regardent la canne arriver et s’emparent presque du scion pour le grignoter ! Une petite poussée et ils font un beau saut. Ils s’écartent un peu et piaillent à tout va en direction de leurs tortionnaires, c’est tout à fait hilarant.
Peu de temps après ce sont des geais de Steller qui viennent aussi pour récupérer quelques reliefs et ne sont guère plus farouches, un peu plus cependant que les whisky jacks. En ce qui concerne Oumiak elle semble avoir changé de régime alimentaire ce matin. Elle ronge de jeunes saules, avalant écorce et bois.Nous allons à Haines pour faire quelques courses, il fait maintenant grand beau et nous rentrons car Adrien et Matthieu ont décidé une après midi consacrée aux photos d’ours, Jacques retournera à la pêche pour assurer la subsistance des jours suivants.
Toute l’après midi deux ours tourneront aux niveau des pêcheurs, suspendant temporairement leurs activités et provoquant quelques abandons de poissons lorsque l’ours regarde dans votre direction en reniflant alors que vous avez deux poissons à la taille. De grands moments de solitude lorsque isolé sur un rocher au milieu d’une rivière l’un de ces plantigrades s’intéresse à vous et est plus ou moins poussé vers vous par une armée de touristes et photographes. L’un de ces ours a même déchiqueté les waders qu’un pêcheur avait laissé sur la rive dans les hautes herbes. De même en soirée, Matthieu et Adrien ont du accélérer notamment la vaisselle à la rivière. Dorénavant nous décidons que nous seront toujours deux pour faire la vaisselle afin d’éviter d’être surpris.

Jeudi 7 août
Début de matinée tranquille, il fait chaud. Pourtant nous ne verrons pas le soleil de la journée. Le remplissage de la glacière avec les filets de poisson commence aujourd’hui. A la pêche cela mord moins bien et nos prises comportent beaucoup de pink matures que nous rejetons. Nous prélevons tout de même une douzaine de beaux poissons dans la journée que nous filèterons et mettrons sous glace.


Nous parlons toujours de pêche et certains lecteurs vont finir par se lasser. Au Yukon et en Alaska c'est un sport national qui se pratique en famille. De nombreuses femmes pêchent et aiment cette activité, elles doivent représenter le tiers de pêcheurs environ. Si l'on compare à l'effectif français quasi inexistant... La plupart des enfants utilisent une canne depuis leur plus jeune age comme cette petite fille de 6 ans qui a pris un petit dolly warden et était extrêmement fière.


Jacques et Adrien auront la surprise de toucher des poissons qui descendront rapidement le courant sur plusieurs dizaines de mètres, déroulant la totalité du fil puis qui s’évaderont ou casseront la ligne ensuite. De belles émotions !

Ils aurons d'autres émotions en s'aventurant dans des endroits un peu sauvages de la rivières, au milieu des hautes herbes et près de courants rapides, le challenge est double: éviter le bain et les ours sans perdre ses poissons !
Vers 19h nous voyons Matthieu en grande discussion avec un pêcheur de l’Allier, Jean André. C’est un français qui vient au Yukon depuis 18 ans. Il est très bavard et a plein d’histoires à raconter sur la pêche, la chasse, la recherche d’or… Nous prenons l’apéro ensemble. L’entendre raconter le pêche d’un chinook (saumon king) de 65 livres est vraiment un grand moment ! Vous restez une demi heure en haleine devant ses talents de conteur. Jean René est conférencier en France sur ses thèmes de prédilection, il parcours les écoles et les maisons de retraites. Cependant il est atteint d’un cancer qui se généralise et selon lui c’est son « last run » au Yukon. Nous décidons d’aller traquer le sockeye ensemble demain matin. Rendez vous est pris à 6h.

Vendredi 8 août
Aucun sockeye lors de la partie de pêche du matin mais les habituels pink et dolly warden et bien sur les ours auxquels on finit par s’habituer. Cependant trois d’entre eux nous enquiquinent, Matthieu ne sera pas très rassuré à certains instants. Le pêcheur amont, menacé par un ours abandonne trois beaux sockeye dans le rivière, Matthieu les verra passer sans pouvoir les récupérer, quel dommage ! Mais mieux vaut ne pas se transformer en appât pour ours.
Après un petit encas vers midi, seul Jacques retournera à la pêche. Matthieu et Adrien s’occuperont des poissons et feront la sieste. Ca a point de santé ces jeunes !

Jacques aura le plaisir de toucher un très beau pink de 7 à 8 livres, tout frais venu de l’océan et très combatif. Un vrai régal ! Par contre il ne fera pas attention à une mouche noire en train de le piquer sur la main et voilà le résultat ! Le gonflement s'étendra jusqu'au milieu du biceps.
En début de soirée nous troquons avec Jean andré du sockeye mariné contre des dolly wardens. Nous aurons fini par goûter à ce 4° saumon… il ne nous restera que le chum mais c’est beaucoup plus tard dans la saison.
Jean andré nous emmène dans son canot à moteur voir les frayères de sockeye dans le Chikoot lake, à l’arrivé d’un petit ruisseau au eaux très claires. Ces beaux poissons très colorés mais un peu farouches sont impressionnants. Ils ont aussi largement chassés par les ours comme en témoignent les nombreuses crottes présentes sur la rive.
Peu de temps après nous plions la tente et disons au revoir à Jean René et ses amis. Peut-être pourra t’il intervenir à Poisy en début d’année prochaine pour les GFS/ GPN ou dans le cadre du cycle de conférences. Rendez vous est pris à l’automne en France pour en discuter.
Nous prenons le ferry à 22h, débarquons à Skagway et rentrons à Whitehorse dans la nuit. Matthieu fait la pause sur le ferry.
Adrien et Matthieu conduisent et ont le loisir d’observer un lynx et un porc-épic le long de la route.

Samedi 9 août
C’est l’anniversaire de Matthieu qui fête ses 23 ans ! Happy birthday !
Nous rencontrerons de très nombreux francophones ce samedi : suisses, québécois, habitants du New Brunswick… Il y a de nombreux francophones au Yukon, on recence 12% de la population qui parle le français soit 3500 personnes environ et la communauté de Whitehorse est très active et forte de près de 1300 membres. Les services officiels comme les formulaires sont pour la plupart bilingues. L’association France Yukon où nous nous rendons est fermée, ce sera pour la prochaine fois… Quelques courses pour notre prochaine excursion en direction de Hatlin Lake, dès dimanche matin si le blog avance bien.
Soirée restaurant et tournée des bars pour fêter l’anniversaire à Matthieu. Les ambiances sont sympa quoique très variables. Il n’y a pas de dancing à Whitehorse… pourtant pour 23000 habitants il devrait y avoir un marché. Les bars principaux ont cependant un orchestre mais le gens ne dansent pas, tout du moins à l’heure où nous y étions. Ils sont cependants équipés de billards et voici ce que nous avons vu au dessus de l'un d'eux. Les écossais qui lisent le blog apprécieront ce mélange de leurs deux principaux flags. C'est en fait le drapeau de la Nouvelle Ecosse, car le patron de ce bar vient de cette province. Ce bar a aussi la particularité de servir à boire dans des bocaux à confiture, un must par ici parait-il ! Voici à quoi ressemble un whisky eau plate:
Nous arrivons trop tard pour le bar indien assez peu recommandable et qui est déjà fermé. Il nous faudra essayer un autre jour.
En l’honneur de son anniversaire Matthieu se voit offrir une boisson originale dans le bar BCBG de Whitehorse. Un petit verre d’alcool enseveli dans un coupe de chantilly et qu’il faut prélever et boire sans l’aide des mains… laborieux ! Nous goûtons aussi l’alcool local, un espèce de whisky prénommé le Yukon Jack qui a une odeur très alcool à brûler mais est un peu mieux au goût, on goûte une fois mais on n’a pas vraiment envie de recommencer. La bière locale est bien meilleure : Yukon gold, Yukon red….

3 commentaires:

Anonyme a dit…

waou, que d'aventures! bravo pour ce blog et ses nombreuses photos! on se prend a rever, mais au chaud et au sec! bises- momo du port

Anonyme a dit…

... au sec, je ne sais pas!
Ce dont je suis sûre, c'est de reprendre ce blog lors des longues soirées d'hiver et de me mettre à rêver devant un bon feu de cheminée.
Encore une fois félicitations aux blogueurs et aux photographes.. et aux vacanciers... et à Oumiak.

Kelpie a dit…

Quite right..we Scots are proud to see our flags!