dimanche 3 août 2008

4000 bornes à travers l'ALASKA !!!

Jeudi 17 juillet
Jacques insiste pour goûter le goffer, aussi nos archers qui avaient pris leur permis se mettent à la tache et en une petite demi heure deux individus passent de vie à trépas. David et Yannick sont impressionnants de précision, le gibier de la Giettaz a du souci à se faire !
David et Yannick repartent pour leurs montagnes, Jacques fait un EPI filmé par Adrien avec Jonathan.
Après passage chez le loueur de canoë et discussion avec Ingabritt, nous ne descendrons pas la Big Salmon River qui est en crue et présente de nombreux dangers, il est peu probable qu’elle puisse être faite dans la saison sauf par des personnes très expérimentées. Nous retournerons donc en Alaska mais vers la péninsule de Kenai cette fois.
Matthieu cuisine les goffers à la moutarde pour le repas de midi. A la dégustation la viande n’est pas très bonne. Je comprends mieux les canadiens qui sont horrifiés à l’idée de manger cette bestiole.
Repas chez Guillaume et Christie en soirée, près de Fish Lake dans une petite cabane très retirée, à près de 20 bondissantes minutes de 4X4 de la piste principale. Nous recevons un accueil très chaleureux et la soirée se finit par un concert de guitare et la dégustation d’un « Emergency Kit » de la Yukon brewery ( assortiment de bières brassées à Whitehorse).


Compte tenu des températures hivernales, la conception des quelques cabanes habitées près de Fish Lake a de quoi surprendre. Basées sur le principe des cabanes de trappeur du siècle dernier avec des matériaux un peu plus récents, certaines étaient des cabanes de week end ou vacances qui ont été occupées par des personnes qui aimaient vivre « dans le bois ». La plupart de ces cabanes sont louées à des prix que l’on peut trouver élevés compte tenu du faible confort (ni eau, ni électricité, une seule pièce) et de la faible isolation : de 250 à 550$ par mois cependant le niveau de revenu est plus élevé et surtout le terrain est cher. Jugez plutôt : 6ha de landes humides/ marais portant des saules et épinettes près de Fish Lake sont en vente à 350 000$. Aucune culture n’est possible compte tenu de la pauvreté des sols, si ce n’est de l’élevage extensif. Par contre vous avez un accès direct au lac et surtout vous avez de la place pour élever des chiens, la plupart des personnes habitant ici ont au moins une vingtaine de chiens et sont « accro » aux randonnées en traîneau (voyez le blog de ce dernier hiver). La plupart de sont pas « Yukonnais » d’origine mais sont venus ici pour l’espace et les chiens de traîneau avec parfois comme objectif la Yukon Quest, la plus célèbre course de chien de traîneau au monde. Le chien de traineau est une activité sportive passionnante pour la saison hivernale fort longue, cela permet d’aimer l’hiver ce qui semble indispensable pour vivre dans ce pays. C’est aussi une activité commerciale pour la saison hivernale en complément de guide de canoë ou à cheval pour la saison estivale. Le tourisme se développe beaucoup au Yukon pour les personnes à la recherche de grands espaces et de sensations fortes.

Vendredi 18 juillet

Après les courses et le difficile problème du rangement du véhicule (nous ne sommes plus que trois mais on part avec des vivres pour environ 4 semaines avec un canoë, un chien et sa niche...), en route pour la mythique cité de Dawson.
Première surprise sur la route, les feux rouges de travaux sont assez souvent très attractifs. Ce sont de charmantes dames et demoiselles qui tiennent un panneau Stop / Slow et vous avez même un truck « guide » à l’avant du convoi. L’état du Yukon est aussi le premier employeur de main d’œuvre…
Nous traversons aussi un immense feu de forêt sur plusieurs centaines de KM², c’est stupéfiant dans ce pays couvert de bois (d’où l’expression dans le bois et non dans les bois) que de voir de si gigantesques superficies détruites par les incendies de forêt. Il est vrai que le climat est sec, sauf cette année, et que l’épinette est très inflammable, et que les pompiers n’interviennent pas sauf pour sauver de rares zones habitées… Aussi dans chaque camping il y a un barbecue près de chaque emplacement tant en Alaska qu’au Yukon et partout des panneaux pour mettre en garde les passants, pour interdire les feux d’artifices… Cela n’empêche pas que les causes d’incendie sont le plus souvent naturelles, notamment la foudre. Il n’est pas rare de trouver dans les boutiques des quêtes pour récupérer des dons afin d’indemniser les familles touchées. Par contre, vu la lenteur de croissance de la végétation, il faut de nombreuses décennies pour retrouver l’état initial. De véritables désastres écologiques mais aussi un renouvellement complet du biotope qui existe depuis toujours ! Lors de nos promenades en forêt nous avons souvent rencontré des tronc d’arbres brûlés il y a parfois de nombreuses décennies au vu des arbres vivant alentours. C’est aussi un paradis pour les cueilleurs de morilles qui poussent en abondance après un feu de forêt, une fois séchées et expédiées à Vancouver c’est un moyen de faire quelques milliers de $ en cas de bonne récolte.
Au passage des Five Fingers, nous faisons une halte pour imaginer ce que serait la descente par hautes eaux. Le débit est tout de même impressionnant. Vu du bord, il y a de belles vagues mais cela ne paraît pas insurmontable mais il est vrai que les canoës sont peu stables.


Le soir camping à Ethel Lake pour traquer la lake trout de plus de 30 livres (cristivomer), c’est un spot renommé pour la taille de ses truites mais aussi pour ses mooses. Petite excursion en canoë avant le repas ce qui permet de recueillir les premiers spécimens de l’ordre de 500g et d’apercevoir plusieurs mooses, dont deux très près du camping.

Cela provoque immédiatement une expédition film / photo de Matthieu et Adrien qui approchent à moins de 10m en canoë. Adrien n’est pas rassuré, c’est un peu trop près pour ces animaux imprévisibles et extrêmement puissants. Le suite vous montrera qu’il s’habitue très vite et qu’il les considère maintenant un peu comme des vaches de nos alpages….
Grosse pluie dans la nuit, la tente malencontreusement placée dans une dépression est inondée et on se gèle le reste de la nuit.

Samedi 19 juillet
Réveil humide et grasse matinée obligée car il pleur toujours beaucoup. Jacques bataille pour allumer un feu sous la pluie mais finalement avec l’aide du bois bien sec offert à Haines et qu’il avait pieusement conservé, un bon feu vient vite nous remonter le moral.

Un peu de terrassement pour tenter d’assécher la tente et de limiter les flaques d’eau à venir car il pleut toujours.n peu de Décision est prise d’acheter un poêle pour la tente dès notre arrivée à Dawson.
Une accalmie nous pousse a retourner taquiner la lake trout avec les gros moyens cette fois : cuiller de fond avec on plomb de 600g, une cuiller à mi hauteur et une en surface. Les deux premières prises sont de beaux brochets puis quelques truites assez modestes, la plus grosse faisant un kg. Nous rentrons sous une trombe d’eau et revenons en canoë contre le vent, c’est dur dur pour les bras.
La gestion du stock de poisson est intéressante et me semble t’il plus pertinente qu’en France : nous n’avons le droit de garder que les petits et très gros poissons :
Brochet : illimité pour les moins de 75 cm et 1 de plus de 105cm par jour
Lake trout : illimité pour les moins de 65 cm et 1 de plus de 100cm par jour
Grayling : illimité pour les moins de 40 cm et 1 de plus de 65cm par jour

Au repas de midi , banquet de filet de brochet et de lake trout, sauce crème citron persil oignons avec quelques patates sautées, le péché mignon d’Adrien. Le brochet est excellent mais les lake trout sont de qualité variable, les femelles bien orange sont excellentes mais un gros mâle a la chair blanche et caoutchouteuse.

Retour à la pêche dans l’après midi, après une demi-heure nous essuyons une tempête arrivée soudainement : grosses vagues, vent violent, le canoë mal orienté au début du grain à cause de nos systèmes de pêche sophistiqués embarque de l’eau. Franck, un indien en hors bord qui par chance pêchait près de nous vient à notre secours et nous ramène à terre. Voilà de quoi nous inciter à la prudence sur les lacs par temps variable, les conditions de navigations changent très rapidement. De retour au camp nous allons partager une goutte de prune de Vaulx avec cette famille d’indiens en remerciement du coup de main. Le temps se calme un peu et nous retournons à la pêche avec beaucoup plus de circonspection, sans trop s’écarter du bord et nous n’osons plus aller sur les bons spot que nous avions trouvé, nous ne revenons qu’avec deux lake trout à chair bien rose.
Nous profitons d’une accalmie pour cuisiner le poisson du soir, nous abritons le table tant bien que mal avec une bâche. Un whisky jack s’attaque à notre pain à moins d’un mètre de nous, cet oiseaux avec les écureuils sont une véritable plaie dans les camping.
On ne peut absolument laisser traîner aucun aliment sans risquer une disparition subite où un prélèvement inexplicable. On pourrait envisager un ragoût de whisky jack mais il paraît que cela à un peu la consistance de nos corbeaux… De retour sous la tente un bon toddy nous réchauffe : tisane de blueberry, gnôle et sirop d’érable. Il est déjà minuit et demi et il fait encore grand jour… mais il faut bien dormir un peu…

Dimanche 20 juillet
Il a plu toute la nuit, nos rigoles de drainage ont bien fonctionné. Au lever, surprise ! il y a de la neige sur la colline en face, juste en dessous du plafond nuageux, à 100m d’altitude au dessus du lac. Notre voisin de Dawson nous dit : « Au Yukon chaque jour il neige quelque part ». Nous plions la tente sous la pluie, la plupart de nos affaires sont trempées, les duvets aussi et nous attrapons l’onglée.
En route pour Dawson, sur la piste une grouse se perd sous nos roues. Il ne sera pas perdu pour tout le monde, en espérant que ce sera meilleur que le goffer !



Une bonne soupe chaude à Moose Creek dans un restau très « trappeur » qui vend aussi plein de souvenirs, de livres et qui propose un service téléphonique original. D'après Adrien qui a essayé, le téléphone est bien raccordé au restaurant, on peut espionner ce qui s'y passe...



Nous passons la Dempster highway puis longeons la célèbre Klondike river. Nous arrivons à Dawson et recherchons un poêle au trading post sans succès, le magasin qui en vend n’est pas ouvert le dimanche. Le trading post est assez étonnant car il vend à peu près de tout sauf de l’alimentation, en neuf et occasion : vêtements, objets d’art, souvenirs, matériel de recherche d’or, objets quotidiens… une espèce de brocante mieux organisée. Jacques achète une batée et un tamis, il ne peut pas résister à la fièvre de l’or ! Sur le retour nous faisons un détour par la cabane reconstituée de Jack London - quelques troncs sont d'origine parait-il.


Dawson est resté très typique : trottoirs en planches surélevées, routes en terre battues (plutôt en boue pour nous). L’ambiance est là, sauf qu’à la place des chevaux il y a des pick-up.

Nous traversons le Yukon avec le bac gratuit qui tourne 24h/24 avec un personnel de 4 personnes, le courant est rapide et le bateau fait une large boucle aval avant de pouvoir remonter au débarcadère. Il n’y a qu’un seul bateau de sauvetage pour 6, une panne de machine serait préoccupante ! Le camping assez écolo et qui est équipé d’un sauna est bondé, c’est en effet le festival de musique de Dawson qui a attiré des milliers de personnes malgré la pluie. Nous trouvons une place dans le camping territorial qui dispose de nombreux emplacements. Tous les campeurs ont couvert leurs tentes de bâches, les jeunes venus au festival avec un équipement minimum comptant sur le climat normalement sec en été sont complètements trempés, certains abandonnent même leurs petites tentes trempées et boueuses en partant. Par chance la tente de Matthieu est bien plus confortable et nous avons des bâches pour nous isoler du sol. Par contre nos affaires sont toujours aussi mouillées.
Nous retournons à Dawson le soir pour le casino : girls et french cancan au programme devant une salle blindée de touristes, les tables de roulette, black jack, loterie et machines à sous sont au fond de la salle. A l’entrée vu notre tenue on nous prend pour des locaux, nous les détrompons et il nous faut payer 6$ en début de soirée, après c’est gratuit. Il y a 3 spectacles dans la soirée.


Après les spectacles et la traditionnelle photo avec les girls, Adrien et Jacques passent à la roulette sans grand succès ni grosses pertes, nos écarts ne sont que de 15$ en plus ou en moins avec un bilan global de +5$. Retour à la tente où nous rentrons dans nos duvets humides, il pleut encore quoique un peu moins…

Lundi 21 Juillet
Il pleut un peu dans la tente à cause de la condensation, il est temps de trouver un poêle pour nous sécher. Il ne pleut pas ce matin et Jacques part sonder le petit ruisseau qui coule le long du camping. Beaucoup de mica mais pas une seule paillette d’or. L’eau est glaciale et l’onglée est quasi immédiate, la source doit sûrement couler sur le permafrost pour avoir une pareille température, même en hiver il me semble que les canyons savoyards sont plus chauds. Dure la vie de chercheur d’or ! Il y a tout de même quelques bolets orangés ce qui est mieux que rien. Ce sera omelette au lard avec bolets à la crème à midi.
Retour à Dawson où nous trouvons enfin le poêle de nos rêves avec les tuyaux ad hoc. La météo n’annonce pas de beau temps et les prévisions sont à quatre jours… Avec le poële le moral remonte, on a même droit à un petit coin de ciel bleu pour fêter l’événement. Dès la fin du repas on reprend une grosse averse, qu’il fait bon dans le tente avec le poêle qui chauffe et sèche enfin nos duvets.
Dès l’accalmie, en route pour la Klondike river, plus précisément Hunker Creeek un affluent. Pas d’or sauf quelques paillettes et encore moins qu’au Fier ! Il faut dire que toute la vallée a été largement exploitée et l’est encore.

Des centaines d’hectares de gros boudins de cailloux de 10m à 20m de haut par 15m de large qui couvrent toute la vallée, résultat du passage des dragues géantes qui traquaient l’or au début du vingtième siècles. Nous verrons plus loin à Chicken en Alaska l’une des dernières représentantes qui se visite comme un musée. Toute la vallée du Klondike a été retournée et la végétation n’a pas encore repris le dessus… il lui faudra sans doute plusieurs siècles pour développer un sol à partir d’amas de galets de plus de 10cm de diamètre. Le spectacle est plutôt désolant. Il y a toujours de mines en activité mais l’exploitation se fait au bulldozer et ce sont des camions qui évacuent les granulats prélevés en dehors du lit des cours d’eau vers des zones de traitement qui font d’énormes cônes d’éboulis à flanc des montagnes. Bref point d’or pour les chercheurs débutants que nous sommes. Jacques veut insister un peu et il reste sur la Klondike en crue un peu en amont de Dawson tandis que Matthieu et Adrien préparent le repas. Après 2h30 d’effort il ne récolte que de rares paillettes qui seront perdues dans la suite du périple. Déception donc mais bien moins amère que les 100 000 personnes qui se sont pressées à Dawson au début du vingtième siècle, dont bien peu ont fait fortune. Près de 10000 ont trouvé la mort dans le gold rush. Retour au camp c’est la fête Adrien a fait le pain et Matthieu a cuisiné le grouse avec oignons herbes et cranberries. Excellent mais un peu juste pour trois, l’animal ayant la taille d’un pigeonneau.

Jacques retourne au casino après le repas et retrouve les mêmes joueurs à la roulette ; ils misent une centaine de dollars toutes les deux minutes et couvrent presque la moitié du tapis avec leurs jetons en jouant toujours les mêmes numéros avec d’infimes variations. Les écarts sont importants mais ils finissent toujours par perdre leur mise initiale après des passages à plusieurs milliers de dollars. Jacques joue petitement, et gagne tout aussi petitement.

Mardi 22 juillet
Le poêle est allumé au lever, c’est vraiment appréciable, Adrien et Matthieu s’en blotissent d’aise dans leur duvet ! Jacques en profite pour visiter le cimetière de vapeur un mile en aval du camping. Une dizaine de bateaux se désagrègent peu à peu au milieu du bois en bordure de fleuve : débris de coques, chaudières, machineries, roues à aube, pianos de cuisine. Certains avaient trois ponts qui s’effondrent peu à peu. En face se situe le village indien de « Mouse Hide » mis en place par le chef indien Isaac an 1998 pour éviter que les indiens ne dégénèrent trop au contact des pionniers de la gold rush.

Un peu plus tard on plie une tente sèche et on arrive à caser le poêle dans le chargement, en fait il aboutit dans le canoë et les tuyaux sur le côté de la niche.
En route pour l’Alaska sur la « Top of the World Hiway », c’est effectivement une piste de montagne avec des paysages magnifiques. Nous doublons un cycliste Allemand lourdement chargé qui est parti d’Edmonton en Alberta et qui va à Anchorage en Alaska, il avait de la neige sur sa tente ce matin… Il regrette le temps horrible qu’il a subi depuis son départ.
4 km après le poste de douane nous nous arrêtons dans une station très mythique.

Ambiance trappeur garantie et d’autant plus que c’est une vallée qui abrite encore de nombreux chercheurs d’or artisanaux. L’un d’entre eux est justement au comptoir de la caisse/ bar / restaurant/ magasin de souvenirs. Un look d’enfer ! Prêt à tout pour acquérir une cigarette car il n’a pas fumé depuis trois semaines. C’est un ancien prof qui exploite maintenant été comme hiver une mine d’or situé à 30 miles de quad de la station service elle même déjà perdue en pleine montagne. Il a fait lui même sa route que les pick-up ne peuvent pratiquer cette saison, c’est pourtant l’été… Il a fait sa piste lui-même ! Il nous demande de poster une lettre pour sa femme Helen dont c’est l’anniversaire demain, elle travaille dans une clinique à Tok. D’après le patron de la station ce personnage gagne correctement sa vie avec sa mine…


Arrivée à Chiken nous trouvons la US post office qui ne fait pas plus de 2m², nous achetons un timbre et la postière nous annonce que nous avons raté l’avion du courrier et que la prochaine levée aura lieu vendredi. Nous jetons un œil à la drague géante n°4 qui a été abandonnée à proximité d’un RV (récréation vehicle = camping car - gigantesques en général) park. Elle se visite mais c’est trop tard pour aujourd’hui, dommage !
Nous allons à Tok car c’est sur notre route et nous remettons la lettre en main propre à Helen, elle est assez surprise mais ravie. « I celebrate all day » nous dit elle, son bureau est plein de cartes lui souhaitant un joyeux anniversaire.
Il nous faut un camping… En route nous croisons un gros porc-épic qui ne doit sa survie qu’à la mansuétude d’Adrien. Il paraît que c’est excellent en ragoût d’après les gens du lieu ! Un peu plus loin ce sont des dizaines de lièvres qui se réchauffent les pattes sur le macadam après la pluie. Eh oui, il pleut toujours… mais le poêle nous permet d’affronter avec sérénité les éléments et il paraît que l’Alaska est très pluvieux d’habitude donc cela ne change pas grand chose. Les routes sont parfois assez droites...Nous campons à Dry Creek, le camping n’est pas terrible mais par chance le creek n’est pas à sec contrairement à ce que son nom indique. Vu la météo c’est pas surprenant.

Mercredi 23 juillet
Au lever pancakes au sirop d’érable sur le poêle dans le tente. Ca sent bon et c’est excellent. En route pour la vaisselle nous trouvons quelques bolets orangés.
En route pour la Copper Valley au dessus de Valdez, haut lieu de la pêche au saumon. Nous voyons une vingtaine de roues à saumon en activité sur un même point de la rivière. A proximité de l’une d’elle les propriétaires sont en train de fileter. Ils ont pris 120 saumons hier et sont autoriser à en récolter 500 environ. C’est ce qu’ils appellent une pêche de subsistance pour leur famille , ils n’ont pas le droit d’en vendre. Beaucoup d’autres pêcheurs traquent le sockeye (red salmon) à l’épuisette géante, certains en bateau hors bord en le laissant dévaler le long du courant pourtant fort rapide sur cette rivière, cela semble bien dangereux mais les prises sont importantes ; 2 à 3 saumons à chaque descente de 300/400m. Curieux moyens de pêche…
Nous décidonc de remonter la vallée vers Kennecott, parc naturel de montagne avec un glacier. Adrien espère de magnifiques rivières translucides bondées de sockeyes… En fait après deux heures de piste défoncée sous la pluie nous arrivons au pied du glacier où l’on ne voit que la couche de nuage qui nous déverses une petite pluie glaciale avec un fort vent qui descend du glacier. Vu la surface de glace au dessus, ce vent n’est pas prêt de se réchauffer. Tout est payant, parking inclus. Le camping de propose pas d’emplacement abrité, seulement un espèce de parking en cailloux… Il y a une vieille mine de cuivre à visiter mais il faut prendre un car à touristes et il faut attendre plus d’une heure. En ce qui concerne la pêche, il n’y a rien à ce niveau. On nous conseille de redescendre au niveau des roues à saumon. Nous sommes très déçus et compte tenu de la température et de la pluie qui ne nous permet même pas de voir le paysage qui promet d’être magnifique nous décidons de revenir sur nos pas ; autant pouvoir pêcher. De retour vers les roues de pêche, il y a toujours autant de vent mais pour l’instant il ne pleut plus. Il y a des emplacements de camping plus ou moins sauvage mais très fréquentés en cette période de remontée. Nous en trouvons un près de la rivière et plantons la tente sur un sol passablement limoneux, quand ce sera sec cela fera de la peuff. Le feu préparé nous partons à la pêche pleins d’espoir. Les eaux sont presque noires et les pêcheurs à l’épuisette sont très actifs avec plusieurs saumons chacun.
Nos essais sont infructueux, les autres pêcheurs nous disent que les poissons ne voient pas nos cuillers et que de toute façon ils ne mordent pas. Il est vrai que la transparence n’excède pas 1 à 2 cm avec un débit proche du Rhône à la sortie du Léman. Ils nous indiquent un petit creek où nous pourrions peut être toucher quelque chose. Après quelques miles de piste défoncée nous apercevons un grand nombre de pick-up, de nombreux pêcheurs et un « atelier » de découpe sauvage : une remorque avec huit postes de filetage tous occupés. Une goulotte évacue les carcasses dans le creek où il y a des embâcles de bois. Plusieurs milliers de carcasses se décomposent lentement. Spectacle et odeur assurés, c’est absolument ignoble et nous coupe l’envie de pêcher, les pêcheurs du coin ricanent d’ailleurs en voyant nos cannes.
Certes il est important de remettre les carcasses de saumon à la rivière pour limiter les intrusions des ours mais aussi pour rendre au milieu les éléments fertilisants. D’après les scientifiques ce rôle de remontée d’éléments fertilisants est vital pour ces terres très pauvres mais ce pourrait être un peu moins « ragoutant ». Encore que c’est déjà mieux que si des carcasses traînaient sur la totalité des berges et se décomposaient en plein air, nous n’en voyons déjà que trop. Pourtant les guides de pêche distribués aux touristes sont très réglementés et à côté les activités des locaux semblent s’assimiler à de la boucherie organisée avec des permis spéciaux. Un peu décevant mais d’un autre côté c’est effectivement une activité traditionnelle de subsistance et une coutume notamment pour les indiens et inuits.
Retour à la tente pour un repas végétarien : taboulé royal réalisé par Matthieu, pain d’Adrien et champignons à la crème. Une bière et un bon toddy (grog) près du poêle nous remontent le moral. C’est décidé demain nous partons pour Valdez avec nous l’espérons de la pêche plus conforme à nos attentes.

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