lundi 18 août 2008

N'allez pas à Fish Lake pour pêcher !

Vendredi 15 août
Nous allons à la passe à poissons en début de matinée.
Les kings ne sont toujours pas là. Seul un greyling attend...Il n’y a eu que 43 remontées pour l’instant. Matthieu et Adrien sont déçus, eux qui en avaient vu des centaines en bas de l’échelle à poisson il y a deux ans. La base de l’échelle était rouge de saumons. ssNous rencontrons le responsable de l’écloserie Fédérale qui est chargé de repeupler le haut Yukon en alevins saumons à partir de quelques poissons prélevés dans la passe. Il n’a encore récupéré aucun géniteur cette année et il ne connaît pas la raison exacte de cet état de fait. Génétiquement les saumons du haut Yukon sont différents de ceux qui fraient dans les affluents en contrebas ; ils sont plus riches en graisse, ce qui leur permet de remonter le fleuve sur une si grande distance. Les alevins qu’il produit et relâche en amont remontent aussi bien que les sauvages les quelques 3200km de fleuve.
Selon lui, les pêcheries commerciales en estuaire ont un impact non négligeable. L’estuaire est en Alaska, il y a donc des négociations entre les deux Etats pour ce qui concerne la gestion des pêcheries de saumon mais le rapport de force n’est pas équilibré entre les très grosses pêcheries d’Alaska et les petites du Yukon. C’est le même problème pour les autres fleuves du secteur, l’Alaska possède une longue bande côtière vers Skagway, Juneau et il y a toujours un arbitrage à faire entre le Canada et les USA pour la gestion de la ressource. Les pêcheries sont majoritairement aux USA et les zones de reproduction plutôt au Canada. La ressource diminuant, les pêcheries amont ont de moins en moins de poissons…
Contrairement aux autres fleuve le Yukon n’a pas de grosses écloseries pour soutenir les stocks naturels de King mais ces poissons sont vendus très cher au Japon comme poissons totalement sauvages au prix de 50$ la livre à comparé des 0,25$ la livre pour le Pink de Valdez. Selon ce dirigeant, les écloseries côtières ont un impact négatifs sur les stocks sauvages du point de vue de la concurrence alimentaire. Les 300 millions d’alevins de Pink de Valdez consomment une ressource non négligeable et il y a une bonne dizaine d’autres écloseries comme cela et certaine de beaucoup plus grande taille semble t’il… L’autre explication plus évidente est la sur pêche en mer dans et hors des zones territoriales, de nombreux pays se pressent pour récupérer cet « or rose ».
Y aura t’il encore des saumons King à Whitehorse dans deux ans ? Et sur le bas du Yukon dans une dizaine d’années ? Cela rappelle un peu les propos de Jean André il y a quelques jours. Il a beaucoup pêché le saumon dans l’Allier dans sa jeunesse et selon lui c’était la plus belle rivière à saumon du monde ! -Ses propos sont à peu près crédibles car depuis 18 ans il passe trois mois par an à pêcher en Alaska et au Yukon- Il regrette fortement que l’on n’ait pas stoppé complètement la pêche au saumon sur l’Allier lors des faibles remontrées car au bout de trois ans il n’y a plus re reproducteurs en mer, donc plus de remontées et la race s’éteint. Des ressources qui paraissent intarissables vu les biomasses peuvent en fait être extrêmement fragiles.
Il est vraiment indispensables d’améliorer la gestion de nos pêcheries, tant en mer qu’en eau douce et ensuite astucieusement positionner du sea ranching voire de l’aquaculture durables pour compléter les ressources naturelles déjà très importantes si l’on y prend garde. Nous disposons de la plupart des connaissances scientifiques et techniques pour une bonne gestion de ces ressources. Est-ce que des considérations économiques et sociales à court terme doivent nécessairement condamner tout le vivant sauvage ? Cela semble une vue à bien court terme et la protection absolue de petits espaces semble bien insuffisante, la plupart des espèces terrestres et aquatiques migrent peu ou prou et ont besoin de bien plus d’espace que nous ne sommes capable de leur laisser. La seule solution est une cohabitation intelligente, à l’image des premiers peuples dont la survie dépendait de ces ressources… Aujourd’hui encore, même si nous ne le réalisons pas toujours, nous dépendons totalement de l’état de la biosphère et nous continuons à vivre sur un modèle non durable, emportés par une inertie qui semble impossible à freiner.


Trêve de philo, de retour en ville nous vons la surprise de rencontrer d'étonnants attelages. Il s'agit de la peomenade des plus jeunes enfants d'une école. Cela fait beaucoup de nez à moucher !
après la passe à poisson de Whitehorse, nous passons à l’association Franco-Yukonaise, très active à Whitehorse pour prendre des informations sur ce qui se fait pour les francophones à Whitehorse et aussi pour envisager des stages pour des étudiants en forêt, GPN, GFS.. Il semble y avoir de bonnes possibilités et le gouvernement du Yukon a fait un programme spécifique pour l’accueil de jeunes francophones.
A la question : « Pourquoi y a t’il tant de francophones à Whitehorse ?, la réceptionniste nous a répondu : « Parce qu’on est très bien ici ! Vous verrez, on vient une fois, deux fois et ensuite on reste.. ». Cette association organise des fêtes et réunions avec les francophones du lieu, elle a aussi un programme de parrainage pour les nouveaux immigrants francophones. Matthieu et Adrien se réjouissent à l’avance des nombreuses connaissances féminines qu’ils pourront se faire. Il y a plus de filles en été d’après la réceptionniste, il faut faire vite car l’automne arrive à grands pas !
Nous ressortons après avoir acheté du sirop d’érable et du beurre d’érable bio directement achetés au Québec par cette association. Il paraît que l’on devient accro au beurre d’érable dès la première bouchée.
Départ pour Fish Lake en début d’après midi. Nous allons dormir dans la cabane où a été filmé « le dernier trappeur » dite « cabane à Vanier », l’auteur du film. Le canoë est bien chargé et nous avons 7/8 km à faire avec notre barda. Le soleil est au rendez vous et il nous faut 1h30 pour rejoindre la zone de débarquement. Ensuite deux voyages seront nécessaire pour tout monter à la cabane. Ce n’est pas très long, mais il y a une bonne côte.
Belle cabane que Jacques découvre pour la première fois. Cela lui aurait plu d’en construire une semblable comme prévu mais en échange il a découvert l’Alaska ce qui n’est pas mal non plus.
L’intérieur a peu changé depuis le tournage du film, des gens ont laissé quelques affaires. Il y a quelques assiettes en carton dédicacées sur le poteau central. Il y a cependant une fuite d’eau juste au dessus de la table te notamment des bancs qui sont recouverts de fourrure de caribou. Du plastique a remplacé deux vitres cassées. Il y a plusieurs trous par lesquels rentrent les écureuils et autres rongeurs en pleine nuit. Matthieu et Adrien prendront les mesures et sont décidés à revenir un WE pour arranger cela.
Un nouvel objet est apparu à la suite de la visite d’Adrien, David et Yannick : le calumet de Fish Lake, réalisé par Yannick l’ébéniste de la Giettaz. Réalisé entièrement à l’opinel avec une finition à la cire et une déco avec des plumes de … l’extérieur il y a une dizaine de niches pour les chiens et un corral pour les chevaux. Bref c’est une véritable résidence secondaire ouverte à tous dans un cadre somptueux, sur un petit promontoire en bordure d’un lac et face à de nombreuses montagnes. Elle est en territoire indien et il ne peut y avoir aucun résident permanent. Tout a du être apporté pour sa construction car M Vanier n’a pas eu l’autorisation de couper le bois nécessaire sur place.
En fin d’après midi nous grimpons la grosse colline derrière la cabane pour avoir une vue sur les 4 lacs Bonneville, les savoyards apprécieront. Arrivés sur la crête nous avons la surprise de voir à contre jour un grand caribou des bois qui nous observe à moins de 300m. Il partira quelques instant plus tard suivi par Oumiak. Nous le reverrons un peu plus tard sur une montagne à plus d’un Km, dont il longera la crête pendant un bon moment.
Depuis cette colline la vue est magnifique et Matthieu essaie de faire les 4 saisons de ce paysage. Il ne lui manque que l’automne, il reviendra donc dans quelques semaines.
De retour à la cabane nous allons à la pêche aux geylings pour le repas d’Oumiak. Cela ne mord pas bien, nous faisons cependant un poisson chacun après une heure d’efforts.
Nous cuisinons sur un feu de camp au soleil couchant ; patates sautées et tee-bone en plat de résistance. Le repas est excellent, le cadre somptueux, que demander de mieux ?
Demain nous traversons le lac pour faire l’ascension du mont Granger qui domine le lac de 1000m à 2036m d’altitude. Matthieu et Adrien prévoient 5h de montée car il n’y a pas de chemin et il faudra batailler dans la forêt de saules, de trembles et d’épinettes et il est possible que certaines rencontres nous retardent un peu… Plus haut de grandes zones d’arbustes à baies qui peuvent atteindre 1,2m de haut vont retarder la marche… Nous verrons bien.

Samedi 16 août
Rédaction en cours du début de cette journée: l'ascencion du mont Granger. Pour l'instant seulement quelques photos avec commentaires.
Après une bonne course, un peu de fraîcheur ! Cet hiver il faudra une cloche afin que Matthieu retrouve Oumiak dans la neige.
Le sommet du mont Granger
Des girolles, vous croyez ? Ces champignons font moins de 1cm de diamètre.
Deux caribous sur l'itinéraire de retour.
Sur le chemin du retour.
Femelle mouse te son petit plus très loin de Fish Lake

Retour en canoë, le vent nous pousse et nous tentons la pêche à la lake trout avec une grosse cuiller, sans succès.
Revenu sur la berge on cherche à capturer quelques greylings pour Oumiak sans plus de succès. Ce Fish Lake porte mal son nom !
De toute façon Oumiak est fatiguée des évènements de la journée et elle dort. Qui dort dîne !

En revenant du lac Adrien a fait des siennes, il portait le sac de pêche et avait un bear spray dans la poche. Le sac a dégoupillé de spray et lorsqu’il a posé le sac… pschitt ! Résultat il plonge dans le lac tout habillé et frotte énergiquement les parties atteintes. Jacques a la surprise de le voir arriver en slip à la cabane, plutôt rouge sur le ventre.
Il se lave à nouveau et se change mais l’irritation est toujours forte. Il passera une mauvaise nuit et aura des irritations pendant deux jours. Comment mettre un Laydevant sur le flanc ! C’est l’homme qui a vu l’ours et qui a testé le beat spray !

Dimanche 17 août
Les écureuils ou ce que nous pensons être des écureuils nous dérangent dans la nuit, l’un va même jusque sur l’oreiller de Matthieu.
Jacques se lève tôt pour faire l’ascension du sommet face au mont Granger mais un peu moins haut, il a vu des dall sheep (mouflons) aux jumelles la veille. L’ascension prend 1h40 à bon rythme et en évitant au maximum les zones boisées, ils vaut mieux ne pas rencontrer un ours quand on est seul. Oumiak semble avoir récupéré de la veille et l’accompagne. Arrivé au sommet c’est un grand plateau herbeux genre pelouse alpine de haute altitude. Le soleil éclaire les sommets environnants. L'autre extrémité de Fish LakeOumiak qui était restée sage jusque là fonce te poursuit les lagopèdes et autres oiseaux, comme d’habitude il n’y a pas moyen de la rappeler et Jacques a oublié la laisse. Il part donc à 90° pour tenter de voir quelques animaux et Oumiak qui l’a perdu de vue revient et suit sa trace. En guise de laisse Jacques utilisera sa ceinture et enlèvera la clochette dont nous l’avons munie pour la retrouver. La ballade reprend et il est maintenant possible d’admirer des lagopèdes de près. Nous voyons les dall sheep au loin, une harde de 37 individus. Oumiak en laisse il est possible d’avancer lentement dans leur direction. Dès qu’elle les a repéré elle tire fortement sur sa laisse et tracte Jacques. Ce sera sans doute un bon chien de traîneau !
Il ne sera pas possible d’approcher les dall sheep à moins de 150m et ils partirons très vite, jusqu'à mi chemin du sommet voisin où ils nous observeront de loin.
Retour à la cabane par un autre itinéraire qui passe à flanc de montagne. Le retour est beaucoup plus long que prévu avec cette marche en dévers dans les pierriers plus ou moins envahis pas les buissons de petits fruits, les saules et le trembles. Beaucoup de buissons jaunissent, rougissent… c’est déjà l’automne !
Oumiak qui était restée assez proche jusque là disparaît et au bout d’une demi heure Jacques est un peu inquiet. Bêtement il l’appelle ! Sans succès évidemment… Il poursuit sa route car il a indiqué qu’il rentrait avant midi. Il apercevra Oumiak une demi heure plus tard alors qu’il aura parcouru plus d’un km et ne sera plus très loin de la cabane : petit point blanc sur le montagne en face qui suit sa trace… Elle arrivera à la cabane en même temps que Jacques mais s’écroulera aussitôt après avoir bu pour une bonne sieste. Elle avait repris un peu de poids mais après ces deux jours on voit à nouveau ses côtes !
Matthieu et Adrien reviennent de la pêche peu après, bredouilles ! N’allez pas à Fish Lake pour les poissons, le reste est nettement plus passionnant ! Nous plions après le repas, déménageons nos affaires en un seul voyage, ce qui a valu une belle acrobatie à Adrien... Toujours a ce faire remarquer celui-là ! Nous repartons en canoë direction la cabane de Guillaume au bord du lac. Guillaume est absent, nous rentrons donc à notre base pour une bonne douche puis un repas au restau « le Klondike » afin de déguster du « caribou stew ».
Demain Matthieu et Adrien vont aménager/organiser leur habitat pour l’hiver avant de reprendre le travail et Jacques fera ses valises…
Jacques adresse un très grand merci à Matthieu et Adrien pour ces magnifiques aventures au pays des saumons, des ours et des caribous.

3 commentaires:

Tonton a dit…

Bravo pour le blog, photos et textes. Vous lire, c'est comme repartir en vacances. Tonton.

PS : j'observe que le spray anti-ours est aussi dangereux l'été que l'hiver, meme si le dégoupillage d'hiver a l'air plus exitique (avec une tringle à rideau je crois, pas vrai Matthieu ?).

Anonyme a dit…

salut mathieu et adrien, c'est florian (de la drome!)
Je passe de temps en temps sur votre blog (trés réussit!) et franchement sa me fait rever tous ces paysages et toutes ces aventures! il faut que je vous l'avou, sa me donne envie de partir la bas moi aussi! d'ailleur je ne sait pas si vous etes au courant mais je part au Québec aprés mon BTS donc encore 2 longue année a tenir! et une fois sur place j'ai decider d'apprendre la peche (mon cousin qui est la bas est trés bon pécheur ^^
enfin voila je vous laisse sur ces kelke mots, cpontinuer votre blog c'est un régale!
voila mon email: begou_florian@hotmail.fr
envoie moi un message je vous repondrais!
bon ben je vous souhaite plein de bonne aventure au canada bande de vénard
et a bientot

Anonyme a dit…

Bon alors, ce 16 aout, il vient ?
Bonne continuation.